Equipe de France : s’exiler pour mieux jouer

De nombreuses jeunes pousses du championnat de France s’imposent actuellement sous le maillot tricolore, notamment dans le secteur offensif. Analyse…

L’équipe de France de football est très rarement allée chercher ses gardiens en dehors des frontières hexagonales. Depuis la Coupe du Monde 1998, à l’exception de Fabien Barthez et de sa courte parenthèse à Manchester United, presque tous les portiers des Bleus -Grégory Coupet, Mickaël Landreau, et plus récemment Steve Mandanda et Hugo Lloris- sont issus d’un club de la Ligue 1.

A l’autre bout du terrain, du côté du secteur offensif, le staff français a en revanche souvent confié les commandes à des joueurs évoluant dans de grands clubs étrangers. On pense évidemment à Thierry Henry, « gunner » d’Arsenal avant de rejoindre le FC Barcelone, à David Trezeguet, avant-centre de la Juventus de Turin, à Nicolas Anelka, actuellement à Chelsea… et évidemment à Zinédine Zidane, « maëstro » offensif des Bleus jusqu’en 2006, dont la dernière tunique fut celle du prestigieux Real de Madrid.

Or, depuis le début des éliminatoires de la Coupe du Monde 2010, et plus précisément depuis le double match contre la Lituanie, le championnat de France semble prendre des options dans l’attaque française. Jeunes pousses ou talents déjà confirmés, les « pointes » de la Ligue 1 s’immiscent de plus en plus dans ce compartiment du jeu… quitte à bousculer un peu les « cadors » Henry et Anelka.

C’est notamment le cas de l’explosif Karim Benzéma. L’attaquant de l’Olympique Lyonnais a certes subi des critiques récemment, à la suite de prestations en demi-teinte avec son club, qui voit atuellement s’échapper un huitième titre de champion de France. Mais il a prouvé à de multiples reprises sa capacité à faire sauter n’importe quel verrou défensif par ses accélérations et son sens du but. A 21 ans, déjà habitué des matches de haut niveau de la Ligue des Champions, Benzéma est devenu l’un des hommes « clé » de Raymond Domenech.

Auteur d’une prestation de grande classe lors de sa première sortie en Bleu, le percutant André-Pierre Gignac pourrait bien suivre l’exemple de son homologue lyonnais. L’avant-centre toulousain ne s’est en effet pas montré timide dans son jeu, n’hésitant pas à frapper à plusieurs reprises, malmenant une défense lituanienne balbutiante et délivrant même une précieuse passe décisive à l’heure de jeu. Enfin, Guillaume Hoarau et Loïc Rémy, qui ont fêté leur première sélection en équipe de France sans entrer sur le terrain, pourraient également avoir voix au chapitre dans les mois à venir. Si leur destin en Bleu semble plus incertain que ceux de Benzéma et Gignac, ils pourraient cependant profiter eux aussi de l’âge des ténors actuels -Thierry Henry a 31 ans, et Nicolas Anelka 30- pour devenir, sinon des titulaires, du moins des « jokers » de luxe sur le banc de l’équipe de France.

L’espoir Gourcuff

Plus évocateur encore est le cas Yoann Gourcuff. Le meneur de jeu des Girondins de Bordeaux n’a eu besoin que de deux matches pour s’imposer en équipe de France. Au point de susciter quelques flatteuses comparaisons : comme Zidane, Gourcuff joue un cran derrière les attaquants, comme Zidane, il n’hésite pas à se lancer dans des dribbles déroutants, comme Zidane, il se montre capable de faire seul la différence quand l’équipe peine.

Faut-il voir dans cette « francisation » du secteur offensif des Bleus la volonté de miser sur la jeunesse lors de la Coupe du Monde 2010 ? Ou plus simplement le dessein de s’appuyer sur des joueurs qui, par leur jeu percutant et décomplexé, ont incontestablement quelque chose à apporter à la qualité de jeu des Bleus ? Certainement… mais pas seulement. Car ces jeunes joueurs s’imposent aussi en équipe de France en l’absence d’une véritable concurrence « bleue » dans de grands clubs étrangers. Hormis Henry ou Anelka, qui peut actuellement prétendre mener l’attaque française si ce n’est cette génération évoluant dans des clubs nationaux ? Si la percée de Yoann Gourcuff doit beaucoup à son talent, elle est sans doute également liée au fait que le sélectionneur français ne dispose d’aucun Zidane évoluant à Madrid ou à Turin.

Faut-il en conclure que cette jeune génération s’impose « par défaut » ? Ce serait sans doute exagérer, au vu du potentiel qu’elle recèle. Les Benzéma, Gignac et autres n’ont tout simplement pas encore eu le loisir d’aller jouer à l’étranger. Cette situation pourrait changer dans les années à venir, comme l’attestent les exemples de Frank Ribéry et Samir Nasri. Le premier, nouveau « Kaiser » du Bayern de Munich, est devenu indispensable en équipe de France, et pourrait bien recevoir sous peu le brassard de capitaine. Le second, milieu offensif à Arsenal, confirme lui aussi son envol.

Le constat s’impose donc : si le championnat de France peine à produire les grands joueurs de demain, il peut en revanche faire émerger les jeunes de talent… quitte à laisser ceux-ci se perfectionner plus tard dans des clubs anglais, italiens ou espagnols. Ingrat peut-être, pour notre Ligue 1 si décriée… mais la formation de joueurs internationaux est à ce prix. A ce jeu, certaines nations payent le prix fort. L’Angleterre est un cas typique : les richissimes clubs d’outre-Manche misent tout sur le recrutement à l’étranger et ne font évoluer presque aucun « natif » dans leur effectif. Manchester United, Chelsea ou Liverpool, avec leur myriade de stars, bloquent pour ainsi dire le destin des jeunes pousses anglaises… et, par ricochet, celui de l’équipe nationale.

Crédit photo quicheenfolie / Flickr

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2 réponses à Equipe de France : s’exiler pour mieux jouer

  1. yoyo dit :

    Par principe, j’aime bien yoann Gourcuff !
    mais j’aime aussi Bou et Val ne me déplait pas non plus ! Je n’ai rien contre le foot et les matchs anglais me font plaisir !

  2. Gourcuff dit :

    Halala Gourcuff me fait vibrer comme zizou !

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