Les Bleus se sont qualifiés mardi soir pour l’Euro 2012 en obtenant un mauvais nul contre la Bosnie (1-1). Leur campagne laborieuse dans un groupe facile n’augure rien de bon pour la compétition qui s’annonce.
L’Equipe de France a finalement validé son ticket pour l’Euro 2012. Mardi soir à Saint-Denis, face à la Bosnie, les hommes de Laurent Blanc ont pris le petit point nécessaire (1-1) pour atteindre la phase finale.
Mais que ce fut dur ! D’abord face à la Bosnie bien sûr, qui pendant une mi-temps a totalement étouffé les Bleus, en particulier le milieu de terrain cher à Blanc. Mais au-delà de ce seul match, l’ensemble de cette qualification -dans un groupe pourtant réputé facile- a donné l’impression d’une constance dans l’approximation. L’Équipe de France enregistre au total une défaite (face à la Biélorussie) et deux nuls (contre cette même Biélorussie au retour et contre la Roumanie).
Certes, on sait depuis des lustres que ce type de qualification ne réussit pas vraiment aux Tricolores. L’Équipe rappelait très récemment leurs difficultés à accéder à la phase finale d’une grande compétition… et le fameux échec de 1993. Mais l’excuse est faiblarde. D’autres formations, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, ont littéralement survolé leur groupe respectif et enregistré leur participation à l’Euro bien avant la dernière journée. Il y a donc bien des questions à se poser sur le niveau de jeu des Bleus.
En défense…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que si la page de Knysna semble tournée, la reconstruction est loin d’être terminée. En particulier dans le secteur de la défense. Un peu paradoxalement au regard de l’image laborieuse qu’ils traînent, les Bleus n’ont pas encaissé tant de buts que cela : trois au total, ce qui fait d’eux la meilleure défense après l’Italie.
Mais primo, les gaillards d’arrière n’ont pas eu réellement l’occasion de se confronter à des « gros » dans d’autres circonstances que des matches amicaux. Qu’en sera-t-il à l’heure d’affronter les Pays-Bas, l’Allemagne ou l’Espagne au sommet de leur forme ? Pour rappel, le Bosnien Dzeko -l’un des seuls attaquants de qualité dans le groupe D- a sacrément fait danser les défenseurs français, en particulier Adil Rami…
Secundo, il n’a pas été possible pour Laurent Blanc de conserver son duo de prédilection Rami-Mexès à la suite de la blessure du second. Ce qui a donné lieu à des innovations pas toujours heureuses, et qui ont souvent dégagé une certaine fébrilité. Ainsi Younès Kaboul… Encore une fois, qu’en sera-t-il face à des grands du football ?
Enfin, tertio, les défenseurs latéraux, premiers des attaquants selon Aimé Jacquet, ont bien du mal à porter le danger devant et à être en phase avec les ailiers. Certes, Anthony Réveillère a marqué contre l’Albanie. Mais pour un but, combien de centres réussis et de passes décisives pour Evra, Sagna et consorts ? L’homme des arrières le plus indiscutable reste finalement… Hugo Lloris, presque toujours impeccable dans ses cages, et qui a assez logiquement hérité du brassard de capitaine.
En milieu…
Là encore, le chantier est loin d’être achevé. Il y a bien quelques promesses. M’Vila et Cabaye s’imposent peu à peu dans le rôle de milieux défensifs et/ou relayeurs. Mais ils sont loin d’avoir sur le jeu l’impact d’un Iniesta ou d’un Xavi. Du côté de Diarra et de Diaby, la confirmation tarde franchement à venir. Quant aux milieux offensifs, s’ils affichent de belles dispositions, leurs sorties sont encore trop souvent en dents de scie pour en tirer des conclusions définitives.
Samir Nasri, « patron » selon Marion Aydalot, ne s’est finalement montré décisif que contre l’Albanie et la Bosnie. Et encore, pour une passe correcte (qu’un défenseur digne de ce nom aurait probablement interceptée) et un penalty obtenu à l’arraché contre une équipe fatiguée.
Marvin Martin a sans doute une belle carte à jouer. Mais le « prodige » sochalien, qui s’efforce de se rendre disponible et d’alterner le jeu court et le jeu long, peut être étouffé de la même manière que ses camarades quand les choses ne vont pas bien. Ainsi, face à la Roumanie, il n’a jamais su trouver la faille et débloquer la situation. Avec au final le 0-0 que l’on sait.
Quand à Ribéry et Malouda… Outre le fait qu’ils semblent désormais indéfectiblement liés à l’épisode de Knysna, ils n’ont pas affiché depuis leur retour en Équipe de France les meilleures dispositions. Le Bavarois est revenu à son meilleur niveau… en club. Quant au Londonien, quand a-t-il pour la dernière fois centré sur une tête bleue ou délivré une passe décisive correcte ? A son actif, un but contre l’Albanie… sachant que sa frappe partait plein axe, sur le gardien, et qu’elle fut détournée par un défenseur. On n’est pas toujours si chanceux.
En attaque…
C’est peut-être le point positif, notamment en ce qui concerne Karim Benzéma. Depuis le début des qualifications, l’attaquant du Real de Madrid n’a pas ménagé ses efforts pour être au meilleur niveau. A son actif : 13 buts actuellement sous le maillot bleu dont trois depuis le début des qualifications pour l’Euro 2012. Pas si mal si l’on considère le niveau global de l’Equipe de France, surtout que l’ancien Lyonnais a souvent su débloquer une situation sans trembler, notamment en match aller contre la Bosnie. Avec Lloris, il est incontestablement l’un des futurs cadres de cette équipe.
Mais après lui ? Loïc Rémy a certes marqué plusieurs fois, mais il manque encore clairement d’impact et de percussion. Une fois de plus, qu’en sera-t-il durant l’été 2012, face à de grosses cylindrées du football européen ? Quant à Gameiro et Gomis, difficile de juger sur pièce pour l’instant, au vu de leur faible temps de jeu. C’est sans doute pour eux que les futurs matches amicaux des Bleus ouvrent les plus belles perspectives. A condition de savoir les saisir.
Au final, si le « système Blanc » a contribué à faire avancer les choses depuis la crise de 2010, pas sûr qu’il puisse pour l’heure rivaliser sérieusement avec les formations allemandes, néerlandaises, espagnoles lors des rencontres européennes qui s’annoncent. A l’instar de leur triste match contre la Bosnie, on a trop souvent vu les Bleus tétanisés par l’enjeu et privés d’idées pour penser le contraire. Pour l’instant en tout cas.
Crédit photo : Eric-P / Flickr