La gâterie qui ne passe pas…

Une affiche anti-tabac, qui montre deux jeunes dans une position trop scabreuse, suscite la colère Nadine Morano. Les publicités équivoques (voire très suggestives…) ne datent pourtant pas d’hier.

No pasaran ! Nadine Morano est montée sur ses grands chevaux ! Motif de sa colère : la dernière campagne de l’Association Droit des non-fumeurs (DNF). Et plus particulièrement une affiche au ton trop osé selon la secrétaire d’État à la famille, qui veut faire interdire la pub en question pour outrage public à la pudeur. Il faut dire que DNF n’a pas hésité à faire la totale pour dénoncer les dangers de la cigarette. Sur l’affiche, un jeune garçon et une jeune fille, une clope dressée entre les lèvres, se trouvent à genoux devant un adulte dont on ne voit que la main et qui leur appuie fortement sur la tête.

Pour un peu, la légende (« Fumer, c’est être l’esclave du tabac ») pourrait presque être remplacée par un très suggestif : « Oh oui vas-y, fume… » Mais Nadine Morano n’a pas vraiment goûté la plaisanterie. OK pour dénoncer les méfaits du tabac, mais pas de ça s’il vous plaît ! La pique oui, la pipe non ! Addiction n’est pas fellation. Et qu’importe le fait que la campagne semble mettre dans le mille chez les jeunes. La secrétaire d’État s’érige en ardente défenseure de la vertu, refusant qu’on confonde les commandements : « Tu ne fumeras point » n’est pas « Tu ne suceras point ».

Nadine Morano a tort. Ou alors elle se réveille un peu tard. La pub ne l’a pas attendu pour en mettre plein la vue et pour permettre au quidam de se rincer l’œil… La lingerie, évidemment, ne cesse jamais de jouer sur le registre coquin. Les très fameuses leçons d’Aubade ont d’ailleurs donné lieu à quelques détournements de la part de petits futés.

Mais la lingerie n’a pas l’apanage du sexe. Celui-ci se prête tout à fait aux produits liés au corps et à la séduction. Il est rare qu’une publicité de parfum se passe de charme… quitte à faire scandale, à l’instar d’Eva Mendes pour Secret Obsession. Et comme le montre le site Zigonet, le sexe peut servir toutes les causes et toutes les marques. Une simple baguette de pain devient ainsi  « 50 cm de plaisir »… et une canette de coca-cola peut secouer plus qu’on ne croit.

En la matière, certains ont une longueur d’avance. C’est notamment le cas d’Ikéa. Quand il s’agit de convaincre de changer ses meubles, le constructeur suédois n’y va parfois pas par quatre chemins. Le mobilier devient alors prétexte à de bien étranges mises en scène.

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Ou encore…

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En 2007, deux chercheurs de University College London, dont les travaux étaient repris dans un article de Libération, avançaient pourtant que pub et sexe ne font pas forcément bon ménage. Tout simplement parce que le côté excitant de la chose fait souvent passer le message à la trappe. Pas forcément bon de montrer trop de hanches, de seins ou de fesses. On finira par en oublier que la pub concernait un gel-douche, un frigo ou un aspirateur.

Poussant l’expérience un peu plus loin, les deux chercheurs démontrent que si les hommes peuvent enregistrer l’information d’une publicité osée, le public féminin est, lui, y est particulièrement peu réceptif. Une petite moitié du public aux envies satisfaites donc… Pour autant, bon nombre d’annonceurs continuent à faire confiance aux bienfaits du sexe, souvent assortis d’une bonne dose d’humour, pour vendre leurs produits. Y compris quand ceux-ci ne s’y prêtent pas vraiment a priori. Ainsi, Club internet…

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Et cette tendance ne date pas d’hier. L’ouvrage Hara Kiri, la pub nous prend pour des cons, de François Cavanna, répertorie et caricature les publicités les plus déjantées (et les plus osées) depuis les années 1960. Où l’on voit par exemple une jolie jeune femme s’effeuiller pour mettre ses vêtements à laver, et rejoindre ensuite son mari au lit. Cette lessive-là laisse les mains très douces, précise le slogan…

On a fait bien pire depuis. Dans une publicité retirée du site youtube pour « caractère offensant », un téléphone portable se prête à une utilisation pour le moins inhabituelle une fois en mode vibreur. Du reste, DNF n’a pas le monopole de l’usage de la fellation. Il y a quelques années, une publicité (également retirée de youtube) montrait un homme et une femme s’enlaçant langoureusement dans une voiture. Elle se penche sur lui… et s’en prend avec vigueur au levier de vitesse. Morale de l’histoire : si vous n’y voyez pas, allez chez l’opticien. Tout cela devrait inciter Nadine Morano à revoir sa position. La pipe de DNF ne fait pas tache et sert une bonne cause.

Pour en voir savoir plus : les réactions à la pub de DNF, sur le Monde.fr

Photo de tête : Flickr / Kalense Kid

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2 réponses à La gâterie qui ne passe pas…

  1. Juliette dit :

    Quelle réactivité! Comme pour Pennac,on sent que ça t’inspire (sans ironie aucune), j’aime bien le style.

  2. Audrey dit :

    Je pense que la DNF s’est un peu trop avancé en diffusant cette campagne. Néanmoins tous les éléments indispensables sont rassemblés pour un spot publicitaire anti-tabac réussi car il n’y a pas de meilleure solution que de choquer pour faire le buzz. Voici une page rassemblant quelques-uns des spots publicitaires anti-tabac les plus pertinents :
    http://www.breizh-e-cig.fr/article-18–les-10-meilleurs-spots-anti-tabac.html
    Certains de ces spots ont énormément fait parler d’eux pour la simple raison qu’on les a trouvés quelque-peu choquants.

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