Elle est loin l’époque où un « club roi » faisait la loi en Ligue 1. A mi-parcours d’un championnat exceptionnellement ouvert et pas vraiment comme les autres, Retour d’actu livre ses pronostics sur les chances des principaux leaders.
Il n’y a encore pas si longtemps, l’Olympique lyonnais tenait le rôle du shérif dans la cour de la Ligue 1. Et dégoutait généralement ses poursuivants à la mi-saison. Mais depuis que l’armada de Jean-Michel Aulas a cessé d’être invincible en championnat, les concurrents ont redressé la tête. D’abord Bordeaux, champion en 2009. Puis l’Olympique de Marseille, actuel tenant du titre. Cette année, à la trêve hivernale, les prétendants se tiennent pour ainsi dire dans un mouchoir de poche. Lille, le premier, a 32 points au compteur. Le PSG, Rennes et Lyon, suivent avec 31 points. Marseille, avec 29 points, est toujours en embuscade. Retour d’actu revient sur leurs chances respectives…
Paris Saint-Germain : la réussite s’appelle Nené
Ce PSG-là rappelle celui que Vahid Halilhodzic avait emmené en deuxième place du championnat, en 2004. Dans la foulée, l’équipe avait aussi remporté la Coupe de France. Elle s’appuie aujourd’hui sur des atouts similaires : une défense dotée de deux très bons latéraux (Céara et Armand), qui jouent un rôle majeur dans la mesure où, au Parc des Princes, les équipes repliées sont souvent mises en difficulté par leurs appels sur les côtés. Cela permet d’étirer les défenses adverses davantage que ces dernières saisons. Les actions-types qui mènent au but viennent d’ailleurs souvent de centres des latéraux, conclues par Hoarau ou Erding. Hoarau assure de surcroît un rôle de tour de contrôle en étant capable de redistribuer intelligemment le jeu dos au but.
Attention toutefois: le PSG est (très) dépendant de Nené, actuellement dans une forme éblouissante. Lorsque la confiance et le physique seront moins au rendez-vous de son côté (et cela arrivera), le risque d’une « rechute » parisienne n’est pas à exclure. De plus, le milieu de terrain central laisse à désirer, entre un Makelele qui commet encore trop de fautes, et un Clément qui ne sera jamais un joueur de niveau Ligue des champions.
Marseille : trouver le tempo…
L’Equipe le soulignait récemment : le départ de Niang a fait du mal à l’OM, et le début de saison s’en est ressenti. Cette équipe devrait toutefois faire une meilleure seconde partie de championnat. Sur le papier, elle dispose incontestablement d’atouts lui permettant de conserver son titre. Tout d’abord, la défense centrale est l’une des plus fournies de la Ligue 1, avec 4 gaillards d’arrière de renom : Diawara, Heinze, Fanni et Hilton.
Marseille dispose également de plusieurs atouts offensifs majeurs. Valbuena, actuellement meilleur milieu de couloir de Ligue 1 avec Nené, est un joueur précieux, qui ne lâche rien pendant 90 minutes. Capable de faire basculer un match sur un drible, une frappe ou une accélération, comme il l’avait prouvé à Liverpool il y a deux ans, le « lutin » est d’une constance irréprochable depuis le début de la saison. Lucho, bien qu’un peu lent dans ses courses avec le ballon, permet d’orienter le jeu de l’OM et de trouver le bon tempo en cours de match. L’intelligence tactique, le positionnement pertinent de ce joueur, mais aussi ses capacités de finisseur et de « renard des surfaces » devraient aider le tenant du titre à reprendre du poil de la bête.
L’attaque reste le chantier le plus important pour Marseille, avec un problème de complémentarité, dans la mesure où Gignac et Rémy sont tous deux des attaquants de profondeur, et qu’il est donc toujours délicat de les aligner ensemble. En manque total de réussite, ces deux attaquants pourraient toutefois refaire surface en bénéficiant du retour de Brandao, l’un des seuls joueurs capables de jouer dos au but et de percuter la défense centrale adverse.
Lille : la qualité y est… Suffisant ?
Probablement meilleure équipe depuis le début de la saison, en position de champion à la trêve, Lille a une force de frappe exceptionnelle. Lorsqu’elle est dans un bon jour, cette équipe est capable de marquer 4 buts à n’importe quel adversaire de Ligue 1. Elle peut compter pour cela sur le talent de son quatuor offensif : Moussa Sow, Eden Hazard, Gervinho et Yohan Cabaye. Ces joueurs sont de classe internationale, et l’on peut parier que l’on retrouvera Gervinho et Hazard dans les équipes du top 10 européen d’ici quelques années.
Mais la plus grande force de Lille ne réside pas dans la somme de ces individualités : seule équipe majeure de Ligue 1 à avoir réellement montré son meilleur football, Lille pratique un jeu bien rodé, en passes courtes, avec des déplacements et des appels virevoltants. Sur la première partie de saison, ils méritent amplement leur place de leader. Et pourtant, pour trois raisons, cette équipe pourrait manquer la consécration…
1. Malgré son début de saison de grand qualité, Lille n’a pas réussi à distancer les concurrents Marseille et Lyon, pourtant en grande difficulté.
2. Dans les confrontations directes, Lille a perdu ses matchs contre l’OL et l’OM, les deux fois sur le score de 3-1.
3. La défense de Lille n’est pas au niveau de son attaque. Le LOSC a perdu des points précieux à cause de quelques errements défensifs. Adil Rami n’a d’ailleurs pas réalisé un début de saison exempt de tout reproche.
Lyon : retrouver sa force de naguère
Sur le papier, l’OL dispose du meilleur effectif de son histoire. Tout d’abord, avec Lisandro Lopez, elle bénéficie du talent d’un joueur hors norme, dont l’impact offensif, défensif et mental n’est plus à démontrer. « Licha » est l’un des attaquants les plus efficaces de Ligue 1 . Aligné de plus en plus régulièrement avec un Gomis revenu au premier plan, Lisandro peut jouer en appui et en une-deux. Repositionné sur le côté, il participe de plus en plus activement au jeu et apporte sa finesse technique et son intelligence, tout en étant capable de marquer toujours autant de buts. Au milieu, Claude Puel dispose d’un grand nombre de possibilités. La puissance physique des Källström, Toulalan et Gonalons pourra être combinée à la finesse technique de Gourcuff, Ederson et Delgado. Plus en difficulté, Makoun et Pjanic devraient être moins utilisés durant la seconde partie de saison, le premier étant même considéré comme sur le départ.
Les principales faiblesses de cette équipe sont clairement les blessures récurrentes et la défense. Les blessures sont un point d’interrogation étonnant pour un club de ce niveau. Mais force est de constater que Lyon a un gros problème au niveau de sa préparation physique, les joueurs ayant quasiment tous connus des arrêts allant de deux semaines à plusieurs mois. Récemment, Ederson, Cris et Réveillère ont exprimé de vives critiques concernant la préparation physique de l’OL.
Du côté de la défense, Réveillère est la principale satisfaction, avec un début de saison impeccable. Sissoko a par contre montré de sérieuses limites techniques dans l’utilisation du ballon en phase offensive. En défense centrale, Puel a dû composer avec les blessures. Cris est en difficulté en raison d’arrêts à répétition, et Diakhaté a montré qu’il ne pourrait pas assumer un rôle de titulaire, car son inconstance et ses absences momentanées ont déja coûté quelques points à l’OL, notamment face à Arles-Avignon. Lovren a par contre considérablement amélioré son crédit auprès de Claude Puel en livrant des prestations de qualité ces derniers temps.
Après un début de saison catastrophique, marqué par des blessures à tous les postes, l’OL a su relever le défi de se positionner en embuscade dans la course à la première place, tout en se qualifiant pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Lorsqu’elle aura trouvé son jeu, cette équipe sera capable de remporter le titre en 2011.
Crédit photo le mensuel de Rennes / Flickr
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