Messi a obtenu le ballon d’or 2010 en n’ayant gagné que la liga avec le FC Barcelone. Tant qu’à faire, autant le lui filer pour les dix prochaines années, parce qu’il ne fera jamais vraiment moins bien.
On se souvient qu’en 2006, l’Italien Fabio Cannavaro avait obtenu le ballon d’or pour une poignée de bonnes prestations lors de la coupe du Monde en Allemagne. Il avait bien défendu, et, avec la classe qui le caractérise, mis KO Thierry Henry dès les premières minutes de la finale contre la France. Du bon boulot qui méritait amplement une distinction technique et morale telle que le Ballon d’or.
Depuis des décennies, c’est le même refrain : lors des années paires de compétitions internationales, c’est le meilleur joueur de l’équipe l’ayant remportée qui est sacré.
Cette année, tel ne fût pas le cas. Iniesta, buteur en finale de coupe du Monde, victorieux avec l’Espagne, méritait évidemment la récompense, puisque c’était peut-être le seul moment de sa carrière où il pouvait y prétendre. Si l’on se décide à couronner Messi ou Ronaldo lorsqu’ils marquent 40 buts par saison (leur régime de croisière), autant leur réserver les dix prochains trophées, qu’ils ne manqueront pas, dans ces conditions, de remporter.
Les « stars à stats » récompensées
Pour une fois, dans un football de plus en plus axé sur ses nouvelles et monstrueuses stars à stats offensives (les statistiques des deux susdits sont surhumaines et préfigurent peut-être le football surhumain de demain), on avait l’occasion de donner la récompense suprême à un milieu technicien (Xavi ou Iniesta). On a gâché cette possibilité en choisissant un quart de finaliste au Mondial, et l’histoire du foot, elle non plus, ne repasse pas les plats. Même si Messi a un état d’esprit plutôt irréprochable, son couronnement en 2010 a des allures de triomphe du chiffre sur l’esprit.
Iniesta et Xavi sont beaux joueurs en estimant que leur collègue du FC Barcelone mérite le ballon d’or. Oui, comme chaque année, on a envie de dire. Ce type-là jouerait dix matches de foot-plage au tournois estival de Narbonne qu’il serait toujours justifié de lui refiler cette breloque ; là est tout le problème. Donner le ballon d’or à Messi pour le saison qu’il vient de faire, cela revient à donner à l’homme le plus grand de la planète, chaque année, le titre d’homme le plus grand de la planète. Messi fait partie de ces joueurs pour qui le ballon d’or est éternel, comme Zidane ou Ronaldo ; était-il vraiment nécessaire de le couronner à plusieurs reprise, étant donné qu’on tenait pour une fois un milieu de terrain qui le méritait amplement ? Et, à palmarès égal, qui saura départager deux génies de la trempe de Ronaldo et Messi ? Ne sont-ils pas hors-concours, depuis qu’ils ont tous les deux obtenus la distinction absolue ?
Il ne reste plus qu’à espérer que Messi et Ronaldo se blessent gravement la même année, pour qu’on ait la chance, le plaisir, de voir un footballeur « normal » obtenir le ballon d’or pour avoir réalisé une saison réellement exceptionnelle, compte tenu de ses qualités. Et ne plus faire du jeu des récompenses un outil de la starisation qui n’en finit plus de stariser ses stars.
Crédit photo : IanHaskins / Flickr
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En effet, la tournure athlétique qu’a pris le football est inquiétante, elle pousse à la perfection des corps, à une invitation de la technique qui produit des joueurs-machines tels que Ronaldo. On est bien loin de la créativité et de la grâce des Zico, Socrates, et Falcao.
Cela dit, qu’un joueur gagne deux fois de suite le ballon d’or est monnaie courante ( Cruyff, Platini, Van Basten ), Messi ne vaudra plus grand chose lorsqu’il n’aura plus l’atout de la vitesse. Et je pense que les joueurs et les entraineurs qui ont voté pour la première fois cette année, n’ont pas voulu récompenser le collectif dopé du Barca.