1989, vingt ans après

Il y a vingt ans, la chute du « Mur de la honte » laissait croire que la démocratie était en voie de triompher dans le monde… et depuis ?

Le 9 novembre 2009 marquera le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. L’évènement devrait faire date. En Allemagne bien sûr, où l’année 1989 représente la fin de la séparation entre RFA et RDA et le début de la réunification. Mais aussi pour le reste du monde, puisque cette date symbolise la fin de l’affrontement Est-Ouest né de la guerre froide, et le début d’un Wind of change. Le vent de la démocratie devait souffler partout sur la planète sans se heurter à aucun mur. Du moins l’espérait-on à l’époque…

C’est donc tout naturellement que les célébrations du 9 novembre 2009 seront placés sous le signe de l’espoir. Car, avec l’instauration de la démocratie, c’est une certaine conception des droits fondamentaux de l’Homme qui s’établit. Avec ce principe primordial qu’est le respect de l’opposition… Bien sûr, ce régime est loin d’être parfait. Il est, comme le disait Churchill, « le pire à l’exception de tous les autres ». Certaines démocraties, à commencer par la France, ont été coloniales ou n’ont accordé que très tardivement le droit de vote aux femmes. D’autres, comme les États-Unis, ont écarté de la vie politique et civique une frange entière de leur population sur des considérations ethniques.

Mais précisément, en plaçant l’opinion publique au centre du jeu politique, et en renouvelant ses dirigeants à intervalles réguliers, ce régime est le seul qui se donne les moyens d’être perfectible. Ainsi, l’Amérique d’un Bush conservateur peut aussi être celle d’un Obama qui lutte pour imposer un système de santé plus équitable outre-Atlantique. Avec Philippe Thurean-Dangin, éditorialiste du Courrier international (numéro du 1er août 2009), on ne peut donc que se réjouir de la progression de la démocratie dans le monde depuis une vingtaine d’années. En premier lieu, on l’oublie trop souvent, celle-ci s’est rapidement ancrée dans les pays d’Europe de l’Est. Longtemps restés dans le giron soviétique, ils ont pourtant réussi à modeler leurs institutions avec une rapidité étonnante… même si des progrès restent à faire, en particulier en Roumanie et en Bulgarie.

Démocratisation en Amérique du Sud et en Afrique

La démocratie a également pris ses marques en Amériques du Sud, dans des États longtemps dominés par des régimes autoritaires et populistes, à l’instar de ceux de Peron et Vargas. Depuis vingt ans, le Brésil et l’Argentine ont parcouru un chemin important… tout comme le Chili, débarrassé d’Augusto Pinochet en 1988. Le Vénézuela semble lui-aussi s’acheminer vers une vie démocratique pacifiée, son président Hugo Chavez ayant marqué les esprits en reconnaissant sa défaite politique en 2007. En Bolivie, la victoire d’Evo Morales, d’origine amérindienne, à l’élection présidentielle de 2005, peut également être vue comme un signe d’affirmation de la démocratie.

L’Afrique n’a pas été en reste. L’année 1991 a ainsi vu l’abolition de l’Apartheid. Et le début des années 1990 a marqué l’entrée du continent dans une vague de transition démocratique, qui s’est traduite par l’adoption de Constitutions et l’organisation d’élections. Si tous les pays d’Afrique -loin s’en faut- n’ont pas achevé cette transition, certains exemples, comme celui du Bénin, montre que celle-ci est possible… qui plus est sans effusion de sang. Un sondage récent réalisé par l’institut Afrobaromètre montre par ailleurs que de plus en plus d’Africains sont favorables à l’idée de démocratie.

Des résistances à la diffusion de la démocratie

Cette diffusion tout azimut s’est cependant heurtée à des écueils massifs. Le cas de la Chine est sans doute le plus probant. Depuis les années Mao, le parti communiste chinois au pouvoir, quoique miné par des dissensions internes, est resté hermétique à toute libéralisation de la vie politique. Une absence de démocratie que les dirigeants actuels masquent en invoquant la fibre patriotique et la réussite économique du pays… et qui conduit un quart de l’humanité à vivre sous un régime encore très autoritaire.

Le souffle démocratique s’est également arrêté aux frontières russes. Le pays, sous l’égide de Mikhaïl Gorbatchev avait tenté d’imposer la « transparence » et la « restructuration » après l’ère soviétique. Il est aujourd’hui tenu d’une main de fer par Dmitri Medvedev et l’ancien maître du Kremlin Vladimir Poutine. Sous leur contrôle, le pouvoir russe n’hésite pas à malmener -le mot est faible- les opposants politiques… et pourrait même être à l’origine de certains assassinats, en particulier celui de la journaliste Anna Politkovskaia. Autre symbole frappant de résistance à la démocratie : l’Iran, passé de l’autorité du Shah Mohammad Reza Pahlavi à la dictature religieuse de Rouhallah Khomeini, puis d’Ali Khameini.

Dans d’autres pays, la démocratie est à tout le moins balbutiante… voire confisquée ou « encadrée » par le pouvoir en place. C’est le cas de l’Égypte d’Hosni Moubarak. C’est également le cas de la Tunisie de Ben Ali,et de la Syrie de Bachar Al-Assad. C’est le cas de la Libye de Mouammar Kadhafi, ainsi que du Maroc du roi Mohammed VI… qui a récemment défrayé la chronique en refusant, dans son pays, la parution d’un sondage le concernant.

L’actualité montre par ailleurs que la démocratie est clairement menacée dans certains pays. En ligne de mire : l’Afghanistan, où la violence quotidienne exercée par les Talibans fait craindre un effondrement des fragiles fondations édifiées par la coalition militaire sur place, tout particulièrement en cette période d’élections. Autant d’exemples qui montrent que la prophétie de Francis Fukuyama sur le consensus universel autour de la démocratie ne s’est pas (encore ?) réalisée : ne lui en déplaise, l’histoire continue, pour le meilleur et pour le pire.

A lire aussi : un article du site scienceshumaines.eu sur la progression de la démocratie

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1 réponse à 1989, vingt ans après

  1. Stef dit :

    Hello Clem’ !

    Bonne idée ce papier. J’ai apprécié la référence au Bénin, surtout ! Juste une petite critique (dans le but d’améliorer ce que tu fais déjà très bien ) : Travaille l’écriture (répétitions, expressions toutes faites et verbes passe-partout) et essaie de formuler tes commentaires de manière moisn directe. Je ne suis pas la meilleure placée, j’écris comme un pied mais perso en travaillant l’écriture (qui est déjà très bien) tu deviendras excellent.

    Des Gros bisous
    Stef

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