Barcelone rejoint in extremis Manchester United en finale de la Ligue des Champions, après un but égalisateur d’Iniesta. Mérité ?
Une minute et le sort bascule. Chelsea peut avoir le blues. Hier, les coéquipiers de Frank Lampard ont fait plus que frôler l’exploit : ils ont mis un pied à Rome. C’était sans compter sur un autre pied, celui de l’increvable Léo Messi, qui offrit à Iniesta la seule occasion dont le milieu de terrain blaugrana eut besoin, à quelques secondes de la fin d’un match fou. Frappe sèche, placée, presque sans force, et les portes de Rome se refermèrent devant des Blues assommés.
Le destin est d’autant plus cruel que les Barcelonais furent hier loin, très loin, de donner une leçon de football aux protégés de Guus Hiddink. Pas davantage qu’au match aller du Camp Nou, ils ne purent imposer leur redoutable jeu tout en pressing et en possession de balle. Pour une fois, la belle stratégie de Guardiola s’effilochait. En défendant haut, en ne laissant pas les espaces nécessaires aux feux follets de l’attaque catalane, en exploitant à fond toutes leurs possibilités de contre-attaquer, les Londoniens, tenaces et accrocheurs, avaient fait le boulot. Ils pouvaient y croire.
D’autant plus que Michaël Essien avait ouvert le score pour eux de la plus splendide des manières (une reprise de volée imparable dans la lucarne de Victor Valdès). D’autant plus que les Barcelonais n’avaient pas cadré une frappe en 90 minutes. D’autant plus que, devant, l’infatigable Didier Drogba tenait la baraque en usant le tandem Touré-Piqué. D’autant plus que, réduits à 10 après l’expulsion d’Éric Abidal, les coéquipiers de Thierry Henry -blessé et dans les gradins ce soir-là- ne semblaient pas en mesure de trouver la faille dans le bloc blue érigé devant les cages de Petr Cech. Et d’autant plus que cela avait été le cas pendant… 180 minutes.
Drogba, trop tôt…
Mais au football, le temps additionnel compte aussi. Et les erreurs se payent cash. Celle de Guus Hiddink fut probablement de faire sortir un Didier Drogba au sommet de sa forme. Économiser l’attaquant ivoirien pour la finale, soit. Encore fallait-il être sûr d’y parvenir. Et quand vingt minutes restent à jouer, même contre un Barça en manque d’inspiration et réduit à 10, le pire peut arriver. Le pire arriva. Guus Hiddink se mordra probablement les doigts de dépit.
Les Blues, eux, se maudiront certainement de n’avoir pas achevé l’ogre catalan quand celui-ci se trouvait à terre. Car, quand Drogba se présenta seul face à Valdès et perdit son duel contre le portier barcelonais, il manqua l’occasion de terrasser pour de bon une équipe qui avait jusque là balbutié son football sans pour autant complètement lâcher prise. Le tournant du match peut-être… Alors certes, on pourra épiloguer sur cette main de Piqué dans la surface, qui aurait dû se conclure par un penalty. Sans trop en vouloir à Tom Ovrebo, l’arbitre de ce match… Car Chelsea eut bel et bien l’occasion de durcir le score.
Mais à 1-0, avec la règle du but « compte double » à l’extérieur, tout restait jouable pour le FC Barcelone. Et Messi, qu’on avait connu plus en jambes, pouvait profiter d’un mauvais dégagement de la défense londonienne aux abords de la surface pour servir Iniesta et… on connaît la suite. Chelsea, hier soir, a été durement ramené sur terre tandis que le Barça a décroché in extremis son billet pour Rome. Mérité ? Sans doute pas entièrement, au vu de la prestation des Blaugrana sur ces deux matches. Mais comme les erreurs de tactique et les buts dans le temps additionnel, le hold-up fait partie du football. Et quand les bandits s’appellent Messi et Iniesta, on peut se prendre à rêver d’une grande finale.
Crédit Photo Franz Lacono Flickr
Pour en savoir plus : Chelsea / Barcelone vu par L’Equipe
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