Vers la Coupe du Monde… Comment ?

Face aux Iles Féroés, l’équipe de France a assuré sa victoire. Sans plus. Malgré le score « fleuve » (5 à 0), l’absence d’un véritable fond de jeu chez les Bleus est inquiétante à quelques mois du grand rendez-vous sud-Africain. (avec Mehdi Coly)

Peut-on vraiment parler du fameux match de référence tant attendu ? Même pas. Face aux Iles Féroés, l’équipe de France a assuré l’essentiel. C’est à dire la victoire. Au passage, elle s’est payée le luxe d’un score confortable. André-Pierre Gignac par deux fois, puis Wiliam Gallas, Nicolas Anelka et Karim Benzéma ont trouvé le chemin des filets face à des Féringiens bien pâles, incapables de porter le ballon hors de leur moitié de terrain, et dominés dans tous les secteurs du jeu.

Toujours bon pour la confiance, pourra-t-on dire. Certes… et il y eut en outre quelques bons points à souligner. Jérémy Toulalan, comme à son habitude, a donné pleine satisfaction au milieu de terrain, plaçant même une frappe sur le poteau adverse. William Gallas a rempli son rôle, et prouvé qu’il avait également des qualités offensives. Avec son but, véritable exploit individuel, Karim Benzéma s’est sans doute en grande partie racheté après des propos maladroits sur son temps de jeu en bleu. Quant à André-Pierre Gignac, il a su se servir des automatismes dont il use habituellement en championnat de France. Ce qui a permis de battre une équipe très modeste, un peu plus honorablement qu’au match aller (1 à 0). Et en butant, qui plus est, deux fois sur la « barre ». Au prix d’un match de barrage, la bande à Domenech peut encore croire en une qualification pour la Coupe du Monde 2010.

Un score « fleuve » insuffisant pour convaincre

Faut-il pour pour autant se réjouir de ce match au score fleuve ? Rien n’est moins sûr. Face aux Féringiens, les Bleus n’ont pas montré un jeu collectif très « léché ». Ce qui ne pardonnera pas face à des équipes plus solides. A cet égard, le match amical des coéquipiers de Thierry Henry contre l’Argentine, perdu 2 à 0, est encore dans tous les esprits. Il est craindre que l’équipe de France, dans son état actuel, soit incapable de battre l’Italie, le Brésil, ou toute autre formation habituée à atteindre le « dernier carré » dans une compétition mondiale.

La quasi-totalité des buts marqués face aux Iles Féroés est venue d’exploits individuels… et du manque de réactivité des défenseurs adverses. Les centres furent le plus souvent mal ajustés. Plus grave : dans le mouvement collectif et dans la transmission de balle, les Bleus ont montré des lacunes. Certes, on pourra arguer que l’absence de Franck Ribéry et de Yoann Gourcuff a pesé. Et que le schéma de jeu d’une équipe comme les Iles Féroés, qui consiste à se regrouper à onze dans la surface de réparation, peut contrecarrer les ambitions de n’importe quel attaquant, fût-il le meilleur du monde. Il n’empêche : à ce niveau, contre une équipe aussi faible, le manque de vitesse et de coordination entre les joueurs est inquiétant.

Pas de fond de jeu

Une fois de plus, les protégés de Raymond Domenech ont livré un match stéréotypé et dénué d’imagination. Sans développer un véritable fond de jeu, sans mettre en place une stratégie qui pourrait s’avérer payante face à des « grands ». Preuve de cet prudence excessive : face à des adversaires recroquevillés dans leurs vingts derniers mètres, le sélectionneur a de nouveau choisi un système de jeu intégrant deux milieux récupérateurs, quand un seul aurait sans doute largement suffi à bloquer les très rares offensives féringiennes.

Ainsi, malgré l’alignement de joueurs de classe mondiale à chaque poste, malgré un banc de « luxe » – dont le revenant Bafétimbi Gomis- et malgré l’efficacité de la plupart de ses membres, l’équipe de France peut nourrir des craintes sérieuses. Elle n’a d’ailleurs mis qu’un pied en Afrique du Sud pour le moment, plusieurs fois mise en difficulté dans un groupe pourtant largement à sa portée. En rendant ce genre de copie, les Français peuvent peut-être prétendre à une place en Coupe du Monde. Y faire bonne figure sera une toute autre histoire.

Avec la participation de Mehdi Coly.

Pour en savoir plus : l’analyse de l’Equipe

A lire : des chroniques sportives régulières sur Retour d’actu

Ce contenu a été publié dans Nos points de vue, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *