"Cette campagne aurait dû être un plan B"

Les syndicats de médecins généralistes sont pour la plupart très remontés de ne pas avoir été en première ligne face au virus. Second article d’un dossier consacré à la grippe A.

Pas à dire, ils sont furieux… Les médecins généralistes sont les premiers à s’élever contre l’organisation de la campagne de vaccination. « En la mettant en place, l’Etat a pris la bonne décision, estime Michel Combier, président de l’Union nationale des omnipraticiens français (Unof). Mais les généralistes ont été oubliés. Nous aurions pu vacciner tous les malades chroniques, ce qui aurait permis de gagner du temps. Et cela aurait coûté moins cher ».

Vice-président du syndicat des médecins généralistes de France (MG France), Thomas Bourez partage l’opinion de son confrère : « Il aurait été normal de faire entrer les généralistes dans le système. Particulièrement depuis l’instauration du médecin traitant en 2005. Nous aurions vacciné en premier lieu les patients les plus fragiles. Le stockage de vaccins multidoses n’était pas un vrai problème. Nous avons des frigos dans nos cabinets ! La vaccination telle qu’elle est pratiquée actuellement aurait dû être un plan B. En plus, de nombreux patients nous appellent pour connaître notre avis avant de se faire vacciner ! ».

« Couacs évitables »

S’il ne remet pas en cause les directives du ministère de la Santé, il n’hésite pas à affirmer que la DDASS et les préfectures ont agi « à la hussarde ». Et parle de « couacs évitables ». Président du syndicat des médecins libéraux (SML), Jean-Pierre Batard estime lui aussi que la campagne de vaccination s’est faite dans une certaine confusion. « Au départ, certains centres n’avaient pas le matériel adéquat, pas de téléphone ou de ligne Internet. Et il y a d’autres choses… Dans l’Essonne par exemple, le centre est difficile à trouver, il n’y a pas de parking, aucun fléchage. Ca peut rebuter les patients ! »

Conséquence ou non de cette organisation déficiente, 78% des Français disent refuser de se faire vacciner. A ce stade, malgré les moyens déployés, seules 4 millions de personnes ont reçu la fameuse piqûre. « Si l’épidémie avait eu les conséquences qu’on redoutait, cela aurait pu tourner à la catastrophe humaine » conclut Thomas Bourez.

Sur le Monde.fr : 10 000 morts de la grippe A dans le monde

Crédit photo Xavier Donat / Flickr

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