Sept coups de coeur à voir à Florence – 2ème partie

Seconde partie d’une série de coups de cœur lors d’un séjour à Florence (Italie). Michel-Ange, Filippo Lippi, Raphaël…

 

 

 

 

La Velata, Raphaël (1483 – 1520)

Palais Pitti

Ce portrait de femme de 1515 synthétise tout l’art de Raphaël (1483 – 1520). Si vous n’avez pas saisi la portée de ce peintre, passez quelques temps devant cette femme voilée. Le dessin est résolument dynamique, le trait rend la femme présente, elle prend corps sous nos yeux. Chaque détail, travaillé avec la plus grande précision, contribue à la placer dans le même espace que celui du spectateur : observez la richesse des étoffes, le fil d’or, les petits nœuds. La perle dans les cheveux et le serre-tête en bois sont d’une véracité incroyable. Raphaël nous fait toucher des yeux la texture des différentes matières.

Ce visage ne vous rappelle rien ? Il ressemble étrangement à celui de la Joconde de Léonard de Vinci. Ce même regard interrogateur et un coin de bouche énigmatique. Et puis ce geste étonnant de la main droite : est-ce un mouvement de pudeur ou au contraire, commence-t-elle à se dévêtir ? Elle semble en tous cas se protéger de notre regard qui la déshabille et savoure chaque détail.

Crédit photo : Bob Swain / Picasa

Les Esclaves, Michel-Ange (1475-1564)

Galerie de l’Académie

La Galerie de l’Académie est avant tout visitée pour le célèbre David de Michel-Ange (voir plus bas), mais elle renferme également une série d’œuvres inachevées de ce sculpteur inégalable. Prendre le temps d’observer ces Esclaves permet de se préparer au choc du David. Ils jaillissent d’un bloc de marbre et il est bon de se rappeler que c’est de cette matière brute que les œuvres les plus délicates proviennent. Les nombreuses traces de ciseaux sur la matière nous permettent même d’imaginer Michel-Ange sculptant ce marbre en quête de grâce. Et elle surgit ! Les esclaves se tordent, s’étirent, s’extirpent de la pierre ! Ils semblent accablés sous son poids et en même temps la retirent comme une seconde peau.

Crédit photo : jessohackberry / Flickr

Vierge à l’enfant et épisode de la vie de Sainte-Anne, Filippo Lippi (1406 – 1469)

Palazzo Pitti

Exposée dans la galerie Palatine du Palais Pitti, cette madone à l’enfant (1452) est saisissante de grâce et de simplicité. La Vierge est représentée au premier plan avec le petit Jésus sur ses genoux. Ce groupe se détache de l’arrière-plan relatant la vie de Sainte-Anne dans une architecture irréelle (qui nous rappellerait presque le travail des surréalistes au niveau de la déconstruction de l’espace). Marie règne en pureté, en sérénité et en recueillement au milieu de ce désordre. Observez également la grâce de la servante en bas à droite, celle-là même qui sera citée, plusieurs années plus tard, par le peintre Ghirlandaio dans La Naissance de Jean-Baptiste commentée dans la première partie de cette série sur Florence.

Crédit photo : Bob Swain / Picasa

La Piéta, Michel-Ange (1475 – 1564)

Musée dell’opera del duomo

Encore et toujours, le plus grand de tous, celui qui excelle en tout, peinture, sculpture, dessin, architecture : Michel-Ange. Après nous avoir offert sa première Piéta à 24 ans (exposée à Saint-Pierre de Rome), qui est une véritable incarnation de la grâce, de la prière et de l’abandon, Michel-Ange sculpte ici, à la fin de sa vie, une nouvelle descente de croix criante de vérité.

Cette sculpture est inachevée mais elle n’en est pas moins saisissante. Nicodème, Marie et Marie-Madeleine soutiennent le corps du Christ et le mouvement des mains, des bras, l’entrelacement des personnages créent un mouvement à la fois vertical et circulaire. Le corps du Christ est lourd et ce poids se fait ressentir.

Michel-Ange s’est représenté sous les traits de Nicodème, au regard à la fois sévère et bienveillant. Cette sculpture est une descente de croix sublime mais aussi une métaphore de la création. Nicodème enveloppe la statue toute entière de ses bras et celle-ci jaillit de ses mains. Ne faut-il pas contempler cette Piéta inachevée afin d’y déceler le secret de la création, ainsi qu’une sorte de testament de son auteur ?

Crédit photo : Retour d’actu

L’apparition du Christ à Marie-Madeleine, Fra Angelico (1387-1455)

Couvent San Marco

Le couvent San Marco est un havre de paix et d’art. Quel calme ! A quelques pas de la foule, un petit détour s’impose afin de contempler les fresques de Fra Angelico dans les cellules des moines.

Cette fresque est la plus douce : qu’il devait être agréable de se coucher sous ses hospices chaque soir et d’ouvrir les yeux sur elle chaque matin ! Jésus apparaît à Marie-Madeleine au matin de sa résurrection. Marie-Madeleine agenouillée le reconnait. Jésus flotte presque entre ciel et terre avec une légèreté rarement égalée. Cette fresque synthétise l’art de Fra Angelico : la douceur et le recueillement auquel il nous invite.

Crédit photo : Jean-Baptiste Camille Bourgoin / Picasa

David, Michel-Ange (1475 – 1564)

Galerie de l’Académie

Après la série de Esclaves, le David se tient majestueusement au bout de l’allée principale de la Galerie de l’Académie.

Ce David (1504), tout le monde le connait, l’a déjà vu en reproduction. Il est même le symbole du BHV Hommes à Paris et bien évidemment le symbole de la ville de Florence. Et pourtant, qu’il est nouveau sous le regard du spectateur qui prend le temps de le regarder. Il faut tourner autour, y revenir plusieurs fois pour saisir son immensité. Il est né d’un bloc de marbre laissé à l’abandon par d’autres sculpteurs qui n’en tiraient rien. Michel-Ange s’en charge donc et met trois ans à réaliser cette sculpture.

Le David synthétise les recherches de l’artiste, à cette époque, en sculpture et en anatomie humaine. Cette immense composition de plus de quatre mètres est en effet surprenante sur le plan du réalisme : on y distingue les veines sur les mains, les genoux sont parfaits, les doigts de pieds saisissants de véracité. Mais plus que cela, ce David a une âme. Une puissance se dégage de son corps de pierre et une profonde détermination de son regard. Et c’est là que Michel-Ange est le plus grand : de ce morceau de marbre complexe à tailler, il crée une âme.

Ce David-là, sculpté par Donatello en 1432 (Musée du Bargello), est très différent de celui de Michel-Ange. Le personnage est représenté très jeune, juste après le combat, piétinant la tête de son ennemi Goliath. L’attitude est tout à fait différente : il est déhanché, juvénile, presque coquet, observe son ennemi vaincu. Il n’y croit pas, semble complètement abasourdi par sa propre victoire. Vous pouvez également tourner autour de ce David (beaucoup plus petit que celui de Michel-Ange) pour observez des détails taillés avec une délicatesse incroyable, comme les casques de Goliath et David, les sandales de ce dernier.

Crédits photo : Dan LXIX / flickr et fotosaula / Picasa

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D’autres critiques sur Retour d’actu, dont la première partie de cette mini-série sur les œuvres d’art de Florence.

 

 

 

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