Les erreurs de jugement et les cas de récidive sont inévitables. Pourtant, dans l’affaire Agnès, on s’acharne à trouver des responsables : la Justice, la police, l’établissement scolaire…
Les plus rétros d’entre nous se souviennent peut-être de Graeme Allwright et de l’une de ses chansons : « Qui a tué Davy Moore ? Qui est responsable et pourquoi est-il mort ? » L’homme en question est un boxeur mort sur le ring. Les couplets passent en revue les coupables potentiels. L’arbitre qui n’a pas arrêté le match. La foule qui a réclamé le combat. L’adversaire qui a cogné trop fort. Alors, qui est responsable ?
Les mêmes couplets semblent défiler actuellement avec la médiatisation de l’affaire Agnès. COMMENT en est-on arrivé là ? QUI est responsable ? La Justice, qui n’a pas transmis les informations judiciaires nécessaires ? La police, qui n’a pas assuré correctement le suivi de la liberté conditionnelle du meurtrier présumé ? L’établissement, qui ne l’a pas mieux surveillé ? Les psys, qui l’on jugé apte à vivre hors de prison ?
Au milieu de ce battage, qui se conclut par une énième annonce de lois sécuritaires par un gouvernement racoleur et une réclame de centres fermés par l’opposition, on entend à peine la voix des parents d’Agnès. Qui disent simplement « ne pas réclamer la vengeance ». A se demander finalement qui tient tant à créer de nouveaux coupables dans cette affaire.
Rappelons les faits. Rien que les faits. Le meurtrier avait été jugé. Il avait bénéficié d’une liberté conditionnelle. Il a récidivé. Le reste n’est que détails. Dysfonctionnement. Mauvaise transmission d’information qui n’aurait peut-être même pas empêché le drame. Car à moins d’enfermer définitivement ou de tuer toute personne potentiellement déviante, comment s’assurer que de tels drames ne se produiront jamais ? Qui pourra jamais annoncer à coup sûr qu’une personne ayant commis un crime ne récidivera pas ?
Toute société doit nécessairement rechercher un équilibre entre la prévention et la répression, entre la protection collective et la réinsertion individuelle. Parfois, on juge mal. Trop ou pas assez sévèrement. Parfois, on se trompe. Plus ou moins lourdement. Chacun porte une part plus ou moins grande de responsabilité. C’est probablement le cas dans l’affaire Agnès. Mais vouloir absolument tout prévenir est une lubie. Une fausse utopie conduisant à un flicage massif qui ne suffirait encore pas. Pour rappel, même les États pratiquant la peine de mort n’ont pas éradiqué le crime et la délinquance. Et des pays aussi pacifiques que la Norvège peuvent avoir leur Breivik. Indétectables, insoupçonnables tant qu’ils ne sont pas passés à l’acte.
Promettre une surveillance et une pacification sociale absolue n’est tout simplement pas possible. N’importe quel gouvernement, n’importe quel juge et n’importe quel psy devrait être capable de le dire.
Crédit photo : InsideMyShell / Flickr
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