La Gaule comme vous ne l’avez jamais vue

Amateurs d’Histoire et amateurs en Histoire, courez à la Cité des sciences voir l’exposition sur les Gaulois…

En ces temps grisâtres de décembre où le ciel ne nous tombe pas sur la tête, mais presque, il est bon de se rendre à la Cité des sciences pour visiter l’exposition sur les Gaulois.

Celle-ci recadre avec exactitude ce que furent vraiment nos lointains ancêtres. Car finalement, on ne le sait plus très bien, tant leur image a été utilisée à tour de bras par l’Histoire. Eux-mêmes, c’est dommageable, ont laissé peu de traces. Ils en ont été d’autant plus malmenés au travers des âges, ce que rappelle la première partie de l’exposition. Au Moyen-Âge par exemple, la plupart des rois ne daignèrent pas accepter d’être les descendants d’un peuple vaincu, et considéré comme barbare. A tel point que certains n’hésitèrent pas à se dire les descendants du roi Priam et de la mythique Troie !

Par la suite, l’image du Gaulois évolua selon les besoins du moment. La Renaissance, par exemple, le valorisa comme un combattant épris de liberté. En témoignent d’ailleurs, certaines peintures de l’époque. Les Empires successifs le dédaignèrent, avant que la Troisième République en fasse le symbole du soldat vaincu mais vaillant, allant parfois jusqu’à comparer la défaite de Sedan à celle d’Alésia. Le régime vichyste apprécia également le Gaulois, l’associant à l’ancêtre noble et mettant en avant ses tresses blondes sur les affiches de mouvement de jeunesse.

Aujourd’hui encore, la figure du Gaulois est convoquée (pas toujours à des fins heureuses…) pour désigner un Blanc ou un « Français de souche ». Par ailleurs, occasionnellement, certaines peuplades gauloises servent de référence. Le club de supporters de l’équipe rugby de Bourgoin-Jallieu (CSBJ), alors encore en Top 14, proposa un temps d’utiliser l’Allobroge comme emblème.

Les Gaulois, loin d’être des barbares…

Mais qui était-il finalement, ce celte méconnu vivant sur l’équivalent (à quelques territoires près) de notre France actuelle ? Un rustre aux longues tresses ? Un barbare s’abreuvant de bière avant d’aller au combat, et ramenant la tête des vaincus ? Un tailleur de menhir ? Rien de tout ceci ou si peu…

En premier mieux, parce que la Gaule n’est pas unie. Pas moins d’une soixantaine de peuplades très différentes les unes des autres l’occupent de 750 avant Jésus-Christ jusqu’à leur annexion par Rome 50 ans avant notre ère : Arvernes, Séquannes, Eduens, Parisii… L’époque de la Gaule regroupée derrière Vercingétorix durant son combat contre Rome est une exception notable.

Par ailleurs, ces peuplades celtes ont peu à voir avec l’image qu’en a donné Astérix. Le Gaulois est d’abord un agriculteur. Et un bon. L’exposition rappelle qu’il a inventé des outils tels que la faux. Et qu’il maîtrise des techniques de production avancées. Nombre de Gaulois utilisent ainsi la meule à rotation, et le silo pour stocker leur grain. Ils sont d’excellents éleveurs. Leur ferme est un agencement d’activités bien organisées. Ils sont également des artisans hors pair, et savent travailler le fer comme personne à leur époque. En témoignent les outils et les armes qui nous sont parvenus.

Un architecte, un aménageur de l’espace et un marchand

On découvre aussi à la Cité des sciences que les Gaulois n’ont rien à envier aux Grecs ou aux Romains en ce qui concerne l’architecture. Beaucoup de leurs maisons sont bâties selon des concepts précis et comprennent notamment un grenier et une cave. L’art d’aménager le territoire ne leur est pas non plus inconnu. Les oppida des Gaulois sont des lieux -souvent fortifiés par de larges et complexes murs de bois- où se mêlent habitat, religion, commerce et politique. Ces ancêtres des villes sont reliés par des routes. Une nécessité, car les surplus de production dégagés par une agriculture efficace permettent les échanges et le commerce. En conséquence, les Gaulois battent monnaie (en bronze, en argent ou en or). Ils ont des contacts réguliers avec leurs voisins grecs et romains, et importent notamment beaucoup de vin.

Enfin, même au combat où on les représentent souvent comme des sauvages désorganisés, les Gaulois s’avérèrent parfois être de redoutables stratèges. Ainsi, revue par l’Histoire moderne, la campagne de Vercingétorix contre César apparaît comme un chef d’oeuvre militaire. D’abord parce que le chef arverne sut monter contre les Romains nombre de tribus qui leur étaient initialement alliées, et faire douter ses ennemis latins à Gergovie. Ensuite parce que la bataille d’Alésia ne fut pas, semble-t-il, un retrait précipité, mais au contraire tactique, permettant de fixer l’ennemi sur un territoire choisi, tout en attendant des renforts.

Seuls regrets en sortant de l’exposition : certains points restent flous. Si on en sait beaucoup sur le mode de vie des Gaulois, on en apprend moins sur leur hiérarchie sociale et leur religion. Rien non plus sur les druides. La faute en revient partiellement… aux Gaulois eux-mêmes, civilisation qui a laissé très peu d’écrits derrière elle, et s’est diluée dans l’Empire romain.

Ce sera prétexte à fouiner un peu à la boutique, à feuilleter quelques albums d’Astérix (« Non Obélix, tu es tombé dans la marmite quand tu étais petit »)… ou à écouter Henri Salvador chanter : « Faut rigoler, faut rigoler, avant qu’le Ciel nous tombe sur la tête ! »

Crédit photo : Rambo XP / Flickr

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