Un particulier a créé un fonds pour payer les contraventions des femmes verbalisées pour port de niqab. Une sacrée connerie, qu’un humoriste malheureusement décédé n’aurait sans doute pas manqué de constater…
Pierre Desproges est mort et il manque parfois terriblement ! Au Tribunal des flagrants délires, Rachid Nekkaz en aurait pris pour son grade. Qu’aurait-il dit, Desproges, à propos de cet homme politique originaire du Val-de-Marne qui vient de créer un fonds destiné à payer les contraventions adressées aux femmes portant un niqab dans la rue ? Certainement, avec beaucoup d’ironie, qu’il est parfaitement respectable de protéger sa femme du regard vicelard des autres hommes !
Jouons également au procureur (avec malheureusement moins d’humour que Desproges). Et rappelons les faits. Sur le Figaro.fr, l’accusé Rachid Nekkaz (qui fut forcé de renoncer à l’élection présidentielle de 2007 faute de parrainages… merci à nos maires) explique ainsi la création de ce fonds : « J’ai créé l’association Touche pas à ma Constitution. Avec ma femme, nous avons tout simplement ouvert un compte sur lequel nous avons déjà viré la somme de 200.000 euros. D’ici au mois de septembre, il y aura un million d’euros de disponible pour les femmes sanctionnées pour avoir porté le niqab dans la rue. Pour réunir cette somme, je vends des biens immobiliers dont je suis propriétaire en banlieue parisienne. Et par ailleurs, je reçois beaucoup de contributions de la part de particuliers. »
Le choix du mois de septembre n’est pas anodin : c’est à cette date que la loi interdisant le port du niqab dans la rue, votée le 13 juillet à l’Assemblée nationale, commencera à être appliquée. Les récalcitrantes seront sanctionnées d’une contravention de 150 euros. Amende que Rachid Nekkaz se propose donc très généreusement de payer à leur place (200000 euros, ce n’est pas rien !), leur délivrant ce faisant un message clair : préfère ton Coran à la loi, sois bâchée et tais-toi !
La « liberté » évoquée : étonnant, non ?
L’argument invoqué est évidemment celui de la liberté. C’est vrai, on aurait le droit de « choisir » le niqab ! Bon, ne tentons pas de nous immiscer dans les méandres du cerveau d’une femme qui se balade dehors avec un sac sur la tête, y compris en plein été. Admettons que cela relève effectivement d’un choix. Et bien l’argument reste un peu casse-gueule, car la liberté dont on dispose en démocratie ne donne pas le droit de faire tout et n’importe quoi.
Par exemple, la loi interdit les mauvais traitements, même s’ils sont infligés avec l’accord de la victime. La loi interdit aussi l’esclavage, même volontaire. Or le niqab est en soi un mauvais traitement. Et il représente une forme d’esclavage : le porter, c’est se soumettre à un code moral (teinté de philosophie religieuse, un comble !) qui suppose de facto la domination de l’homme sur la femme. Celle qui « choisit » le niqab est coupable d’asservissement volontaire. A manifester sa situation en pleine rue, elle est donc condamnable. En poussant le raisonnement jusqu’au bout, on peut même affirmer que la loi la libère.
Au passage, constatons que le port du niqab s’inspire de sociétés qui ont encore quelques progrès à faire en matière de droits de l’Homme (et de la femme). Légitimer un sac sur la tronche par la « liberté » en devient presque cocasse ! Et au fait, pendant qu’on y pense : même dans une société démocratique, la défense du niqab est particulièrement malvenue à une heure où les écarts (notamment salariaux) demeurent criants entre hommes et femmes.
Encourager cette « mode » est donc une connerie sans nom. Sans parler du fait qu’inciter à contourner la loi est par définition illégale. En conséquence, comme aurait dit Desproges, l’accusé Rachid Nekkaz est coupable ! Retour d’actu suggère de le condamner à un mois de port de niqab non-stop. Et également de saisir les sommes récoltées grâce à son fonds pour les redistribuer à des associations féministes, qui sauront certainement quoi en faire.
Crédit photo : Andruze traveller / Flickr
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