Quand le ministre des Affaires européennes s’en prend au RSA, 80% des Français l’approuvent selon un sondage… même si ses arguments ne tiennent pas la route.
Taper sur ceux qui n’ont rien pour plaire à ceux qui n’ont pas grand-chose… La recette, sous l’ère sarkozyste, est largement éprouvée, mais elle fonctionne encore. La preuve avec la sortie du ministre des Affaire européennes Laurent Wauquiez sur un plateau TV le 8 mai dernier.
Pour rappel, le leader de la Droite sociale a sonné la charge contre « l’assistanat », selon lui « cancer de la société française ». Le RSA pour ces salauds de pauvres, c’est encore trop bon. Pensez donc ma bonne dame, certains osent le cumuler avec d’autres minima sociaux et gagner plus qu’un smicard. Si ce n’est pas scandaleux…
Évidemment, certains crient à l’intox’ gouvernementale et au populisme. Ils ont raison. Une personne seule, au RSA, gagne 467 euros et un couple 700. Loin donc des 1073 euros d’un Smic. Quant à cumuler des minima sociaux, la chose est techniquement impossible, puisque le calcul du RSA prend précisément en compte l’ensemble des revenus d’un ménage, notamment des autres aides perçues, comme le chômage, les allocations familiales ou encore les allocations logements (APL). Sans compter que ces aides ne sont pas réservées aux bénéficiaires du RSA. Le smicard, et c’est heureux, peut également y avoir droit.
Le RSA était l’une des mesures-phares de Nicolas Sarkozy
Localtis info explique que, pour arriver à la situation décrite par Laurent Wauquiez, il faut partir d’un postulat biaisé. Imaginer par exemple « un couple dont les deux membres bénéficient chacun d’un minimum social (par exemple l’Allocation adulte handicapé et le RSA). » La chose n’est pas courante. De surcroît, outre le fait que le RSA représente l’une des mesures-phares du début du mandat de Nicolas Sarkozy, Wauquiez « oublie » qu’une partie de cette prestation est justement délivrée aux travailleurs pauvres, afin de les maintenir dans l’emploi ou de les inciter à y retourner même contre un faible salaire.
Mais peu importe ces arguments : on peut les hurler, un ministre parle toujours plus fort. Et il ne se prive pas de le faire, puisque l’affaire rapporte. Selon un sondage rapporté par divers médias, dont Le Monde, 80% des Français partageraient les vues de Laurent Wauquiez. Oubliant que bon nombre des bénéficiaires actuels du RSA sont les victimes d’une crise provoquée par quelques banquiers toujours en poste pour la plupart et dont le salaire n’offusque en rien.
Les médias, comme Le Point, peuvent s’échiner à démontrer chiffres à l’appui, que les propos de Wauquiez ne tiennent pas, on n’en a cure. On préfère applaudir lorsqu’il propose de faire travailler « gratis » les bénéficiaires du RSA (les fameuses « heures de service social » qui pourraient bien faire pression sur ceux qui travaillent contre un salaire…) et quand il envisage de réserver le RSA aux étrangers présents sur le sol français depuis cinq ans… alors même que c’est déjà le cas actuellement.
Une fois de plus, la preuve est faite qu’en politique, on peut gagner des points en racontant des salades. Ce qui, en outre, permet à Nicolas Sarkozy de jouer les chevaliers blancs rassembleurs selon une mise en scène bien orchestrée. Il est à craindre que la droite, à bout de souffle électoral, ne se prive pas d’user et d’abuser de cette stratégie d’ici les prochaines présidentielles.
Crédit photo : fondapol / Flickr
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