Les campagnes de publicités et d’information nous traitent de plus en plus comme des gosses. Il devient urgent de réagir.
La coupe est pleine !
Ras-le-bol. Ras-le-bol qu’on nous parle comme à des enfants de six ans en nous racontant de jolies histoires. C’est encore une fois le cas, je viens de le constater, pour la campagne d’information de la ligne 1 du métro parisien. Jugez plutôt :
Donc, au programme, une histoire de soleil, de pluie, de neige, avec illustration infantilisante. Cela nous rappelle fortement les histoires que nos parents nous racontaient pour nous aider à nous endormir avant que le marchand de sable ne passe.
C’était magique quand on avait six ans, certes. Mais quand on a passé le cap des dix-huit ans, ce qui fait de nous, paraît-il, des adultes, cela devient tout bonnement insupportable.
L’objectif, aujourd’hui, ne serait-il pas, comme quand nous étions gosses, de nous endormir ? Endormir nos cerveaux ?
Il semble que plus personne, d’ailleurs, n’ait plus aucun mouvement d’humeur contre ces pitoyables campagnes (dans le genre de celle promouvant la TNT). Preuve qu’elles semblent fonctionner. Jusqu’à quand regarderons-nous par terre, baisserons-nous la tête en signe d’acceptation, face à ces débilités bariolées ? Pensons-nous n’être plus dignes d’être traités en adultes ?
Avons-nous à ce point une mésestime de nous-mêmes ?… Où est passée notre fierté ?…
Autres exemples, que nous mettrons régulièrement à jour :
Crédit photo : ATIS547 / Flickr
Oui! Il est nécessaire de réagir…Tant de révoltes quotidiennes…Un de mes pires souvenirs d’exaspération quant à ces pubs du métro – comme si le metro, c’était pas assez énergivore comme ca ( pas de lumière, mais beaucoup de bruit, de personnes transformées pour l’occasion en automates, de vies répétées/ânonnées dans les téléphones) oh la la attention, l’envie me prend de faire des parenthèse après chaque mot pour dire combien Paris est triste -. bref. La bulle de verre de Saint Lazare, les escalators, la cohue. alors pour esquiver ces atteintes à la vitalité, j’ai pris le pli d’emprunter les escaliers. Et d’apprécier sur le mur de pierre qui accompagne la courbe de cette descente d’escalier, les ombres très douces qui filent sur le mur. Les pierres sont claires, la lumière descend de la bulle de verre. Les pas sont fluides ( alors que passer du 2eme au 3eme escalator c’est un pitoyable petit combat). Espace de pause. Mais ce matin là, horreur, dès la bulle de verre une armée de personnes avec des costumes d’hôtesse de l’air qui veulent nous refiler leur « escale à Vienne ». tout sourire. Et passé le 1er escalator, déjà des petits guichets d’installés…une vraie mise en scène. On allait nous faire croire qu’on allait jouer à partir en voyage. Jouer à embarquer pour Vienne. On voit le manège. Et surtout le manège du manège – triste ersatz du tour du monde et ivresse mécanique. Une mise en abîme du manège. Mais qui est dupe? Bref . Voyage sur place .et c’est bien le comble quand dans ma belle descente d’escalier je vois des gens déguisés en guide de musée présenter les œuvres des musées viennois en poster sur le mur de pierre de Saint Lazare.
L’art, le voyage dans le metro. Mise en abîme ou terrible oxymore?
En tout cas on s’y abime. Le danger est bien réel. Et il est à surmonter. Résister à ces agressions…à ce martelage publicitaire qui emprisonne la vie et la restitue en slogans et sourires, à ce qui vend de l’harmonie niaise, du contentement facile. Compétitions de sourires…
Et – attention digression peu constructive – on va entendre certains se plaindre des retards causés par un suicide. Mais ce sont-ils interrogés, à l’occasion de la manifestation d’un tel désespoir, sur la vitalité de leur propre vie. Faire une minute de silence pour remarquer que les moments dans le métro sont souvent une atteinte à la vitalité plutôt que de pester contre le retard, les horaires; plutot que de calculer leur temps de travail en moins, leur temps de consommation en moins, de grasse autosatisfaction en moins. Un gouffre s’ouvre sous leur pieds, mais il faut quand même se raccrocher à la morale de la consommation qui impose toute sa médiocrité.
C’est consternant. Et c’est très amer aussi. Car réagir c’est alimenter du ressentiment…et c’est aussi se fragiliser. Alors certains consentent à ce manège publicitaire. Bon. Mais le danger c’est de faire le hérisson. Celui dont parle Nietzsche. Et dans lequel je me reconnais tant, quand je ne sais pas rester sereine face à tant d’agression. « […] sortir ses piquants pour de petites choses, à mon avis c ‘est une sagesse bonne pour les hérissons »
Et je regarde les gens qui sont dans les métros autour de moi, les « voyageurs », sont ils tous nietzschéens? Stoïciens? Où puisent-il tant de contrôle? Sont-ils indifférents? Insensible? Endormis? Énigme.
Mais s’agit -il de petites choses…franchement, pas si sur. Votre article le montre bien. Et les ressorts de ce genre d’agression publicitaire sont si larges…liberticides.
Réagir sans amertume, agir de manière dérisoire mais agir. Agir donc d’abord pour soi. Pour savoir résister à cela. Il y a des groupes anti-pub très actifs qui savent proposer de belles choses. Alors on peut partager, échanger, se nourrir. Les rencontres se cristallisent autour de ce cri contre ce qui se joue dans la publicité. Et qui s’impose dans l’espace de notre quotidien. Et voilà cette amertume changée en occasion de grandir. Échec de la publicité. Échec de l’infantilisation.