Coup de gueule contre le contribuable français qui a sciemment empêché Claude Guéant de dépenser ses 500 000 euros de primes.
C’est le Canard enchaîné du 30 avril 2013 qui a révélé le pot aux roses : on vient de débusquer 500 000 euros chez Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur. Comment explique-t-il la présence de ce magot ? Au cours de la période durant laquelle il travaillait au sein du ministère de l’Intérieur, il « vivait chichement et ne dépensait presque rien », assure-t-il, d’où la formation naturelle d’un amas de thune non déclaré. Oui, vous avez bien lu : Guéant a employé l’adjectif : « chichement ».
Voilà dans quel piège chacun de nous, Français, avons plongé ce pauvre Guéant : en lui payant, par nos impôts, durant peut-être dix ans, ses petit-déjeuners, déjeuners et dîners, sans compter les milliers aller-retours en voiture et en avion, nous l’avons mis dans la mouise ! Nous lui avons tout payé, et nous avons ainsi contraint ce pauvre homme, qui, généreux comme il est, revendiquait le droit de tout payer de sa poche, à ne pas dépenser un centime en son nom.
Ce paria n’avait même plus l’occasion de faire du shopping. Ce qui lui a imposé une diète bien compréhensible. Une baisse de son niveau de vie absolument inacceptable pour un guerrier de son rang. Espérons que cette réalité nous sera de plus en plus odieuse à mesure que, les années passant, sera évaluée à sa juste valeur l’ampleur de l’œuvre politique de Claude Guéant dans l’histoire de la France moderne.
Mais Guéant – et là est le scandale – n’est pas le seul ministre ou ex-ministre à subir un tel sort. Chaque membre de notre équipe gouvernementale est si dépourvu du droit à dépenser son propre argent, qu’il ne sait même plus comment l’argent se manipule ! Une triste vérité dont on a pu s’assurer lors de la récente publication des patrimoines des ministres. Prenons les voitures, par exemple : où sont les Ferrari ? Les Porsche ? Ces victimes ne peuvent même plus se permettre d’acheter, avec leurs dizaines de milliers d’euros amassés au titre de leurs multiples mandats, de belles bagnoles ! Que de voitures familiales, presque misérables !… Que d’étranges paradoxes dans ces comptes courants à peine créditeurs, voire déficitaires !… Sont-ils obligés, comme Guéant, de sacrifier quelques mètres-carrés de leurs chez-soi pour entreposer des sacs de pognon ?
Et ce n’est pas tout ! Nos malheureux ministres ne connaissent même plus les règles de base de la gestion de patrimoine. Exemple parmi d’autre : Victorin Lurel, ministre des Outre-mer, qui préfère payer des intérêts d’emprunts à ses banques plutôt que d’utiliser ses fonds dormants pour rembourser dès aujourd’hui ses engagements.
Pour ces raisons, nous estimons que François Hollande a eu mille fois raison d’engager « l’opération transparence ». Il devenait insupportable que les Français ne soient moqués que dans les antichambres des palais ministériels. Le temps est venu, enfin, que chaque citoyen ait le privilège d’être tourné en dérision à son nez et à sa barbe. Aujourd’hui, c’est en nous considérant « les yeux dans les yeux » qu’un ministre nous empapaoute.
Félicitons-nous de cette avancée démocratique !