Et maintenant on va où ?, le film de Nadine Labaki, nous narre l’histoire de mères qui décident d’empêcher leurs hommes de faire la guerre.
Le film Et maintenant on va où ?, de Nadine Labaki, en ce moment au cinéma, nous propose une utopie : dans un village, relié au monde extérieur par un seul pont en mauvais état, des hommes chrétiens et musulmans réussissent à cohabiter sans se battre. Les enfants grandissent ensemble et chacun se rend sur son lieu de culte, l’église pour les uns, la mosquée pour les autres.
Mais petit à petit, la remontée des informations par les médias de conflits entre Chrétiens et Musulmans entachent cette harmonie et les hommes ont de plus en plus de mal à contenir leur violence. Des tensions éclatent lorsque le bénitier est rempli de sang de poule ou lorsque les chèvres s’introduisent de nuit dans la mosquée et prennent le tapis de prière pour une étable.
Le curé et l’imam prêchent alors pour la paix et les femmes interviennent pour calmer ces tensions. Comme les Sabines, elles sont toujours là pour s’interposer entre les hommes désirant se battre et pour mettre en place, dans le secret, des procédés ingénieux : brûler les journaux relatant les conflits, saboter l’unique télévision du village, cacher les armes, introduire dans le village une groupe de « danseuses » ukrainiennes afin d’en mettre plein les yeux des hommes … Elles sont prêtes à tout. Pourquoi ?
Des mères lassées de pleurer leurs morts
Elles sont prêtes à tout parce qu’elles sont mères et ne peuvent plus supporter de pleurer et d’enterrer leurs hommes. Quoi de plus cruel pour une mère que d’enterrer son enfant ? « Notre destin c’est de pleurer ! », s’écrie l’une d’entre elle.
Ces femmes refusent ce destin et cette détermination est montrée dès les premiers plans du film. Le groupe de femmes apparaît à l’écran dans la lumière poussiéreuse du désert, toutes vêtues de noir, portant croix ou voiles. Unies dans un superbe mouvement chorégraphique alliant sensualité et autorité. Elles avancent ensemble vers un même lieu : le cimetière, où ne sont enterrés que des hommes.
Nadine Labaki donne donc d’entrée la clé : si les femmes décident d’empêcher les combats, c’est parce qu’elles ont ce lien intime avec la mort. Elles la sentent dans leur chair. Mais la réalisatrice sait échapper au pathos, en adoptant souvent un ton comique ; elle offre ce conte au spectateur en l’invitant à la paix et la détermination dans ce combat. Nadine Labaki filme avec douceur ces femmes drôles, belles, touchantes, effrontées, courageuses et secrètes.
Votre article a le mérite de donner envie de croire à cette utopie à l’heure où les Coptes se sont fait tuer en Egypte alors qu’ils manifestaient pacifiquement :les militaires n’étaient pas des femmes .Merci .