Merci à Marc Lièvremont pour avoir, ces dernières semaines, parlé avec son cœur et ses c…
La scène est devenue célèbre. L’auteur de cet article ne s’en lasse pas. La France vient de prendre une rouste face aux All Blacks. Marc Lièvremont, débraillé comme un étudiant, la gueule des mauvais jours, légèrement transpirant, sourcils froncés et regard noir, se présente en conférence de presse. Un journaliste, à l’air sympathique d’ailleurs, lui pose malheureusement une de ces questions débiles dont les journalistes ont le secret. Visiblement, c’était pas le moment. Jugez plutôt :
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Tout est drôle dans cette réplique : le ton ferme et sombre qui ridiculise celui, un brin enfantin, du journaliste, le léger hochement de tête, le sourire en coin de celui qui sait qu’il vient de dérailler, mais qui s’en fout comme de sa première chemise. Le « ça te va comme ça ? » est magnifique de mépris. Quel entraîneur n’a pas rêvé d’envoyer balader un journaliste ainsi, avec une telle économie de moyen, une telle assise ? Domenech en a rêvé, mais n’avait pas le tempérament nécessaire.
En tout cas, Marco a plutôt raison : demander à un entraîneur qui vient de prendre une leçon de rugby s’il pense toujours que son équipe peut être championne du monde, c’est comme demander à un type qui est en passe de se faire licencier s’il croit toujours être maintenu en poste, c’est comme demander à une femme qui risque de faire une fausse couche si elle y croit encore. Il y avait certainement mille autres questions plus intelligentes et précises à poser au sélectionneur du quinze de France, ce soir-là, non ?
Quand Marco fâché, lui toujours faire ainsi
Marc ne s’est pas arrêté là. Après le match stressant et médiocre contre le pays de Galles, voilà que les journalistes remettent ça : à peine arrivé en conférence, alors que les supporters français sont avant tout heureux d’être en finale, ils attaquent dès la première question le jeu de l’équipe de France. Marc se tient encore une fois au niveau : « Pfff, je vais vous dire un truc : je m’en fous complètement que le match n’ait pas été beau. » Et bien sûr, là aussi, il a plutôt raison : allez demandez aux vaincus de 2003 et 2007 s’ils se seraient vraiment soucié de la qualité de leur match, s’ils avaient gagné… Quand les Anglais nous battent d’un drop ou d’une pénalité, on admire leur rigueur… Quand ce genre de victoire nous arrive, on râle…
Ne comprendrons-nous pas que le génie français a cela de particulier et d’adorable qu’il ne se décrète pas, ne se contrôle pas ? Avons-nous déjà oublié, lors des épopées en foot de 1998 et 2006, les France-Suisse, France-Portugal, France-Paraguay, France-Croatie, France-Corée du sud ?…
Enfin, nous restons admiratifs devant cette dernière sortie de Lièvremont, contre ses propres joueurs. A quelques jours d’une finale de coupe du monde. Il fallait oser (à 0’25) :
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Nous soupçonnons notre Marco d’avoir échafaudé une technique : jouer à la mère-poule sévère n’est-il pas le meilleur moyen d’entraîner la révolte des mâles ? Il est possible que Marco mène tout son monde depuis le début de la coupe du monde. Et pour l’instant, il a mené ses troupes jusqu’en finale.
Du parler-vrai, et les résultats sont là ! Marco, président !