Taxe Tobin : une récup’ de plus…

James Tobin aurait-il cautionné la mesure actuellement défendue par Nicolas Sarkozy ? Ce n’est pas sûr du tout…

 

Décédé en 2002, James Tobin doit probablement se retourner dans sa tombe. Une fois de plus pourrait-on dire, car le nom de cet économiste keynésien et surtout la mesure qu’il a préconisée en 1972 ont fait l’objet de récupérations de toutes sortes, comme le rappelle Le Monde.

La plus récente est signée Nicolas Sarkozy. Depuis ses vœux aux Français, le Président, c’est sa nouvelle lubie, dit vouloir imposer à l’économie la fameuse taxe de Tobin sur les transactions financières. Comme l’explique un article de France TV, le projet concernerait la taxation du marché des actions et des obligations, et celui des produits dérivés. L’objectif serait de faire en sorte que le monde de la finance participe à la régulation de la crise.

L’idée n’est pas malsaine. Mais elle ne reprend en rien le projet initial de James Tobin. L’analyse de l’économiste reposait sur l’effondrement du système de Bretton-Woods, qui instaurait une parité entre l’or et le dollar d’une part et définissait un taux de change fixe entre les monnaies du monde d’autre part. La suppression de ce système a ouvert le champ à une massive spéculation sur la monnaie : puisque les devises ne s’échangent plus à des taux fixes, il devient possible d’en acheter en pariant sur leur hausse ou leur baisse.

C’est précisément pour éviter des mouvements excessifs sur ce marché que James Tobin propose, à l’époque, de taxer les transactions monétaires à un taux très léger (0,5 à 1%). L’objectif de la mesure n’est donc pas d’éviter l’achat et la vente de monnaie, mais de les réguler. Les recettes dégagées sont supposées servir aux pays en développement, mais elles ne constituent pas la principale motivation du projet.

Rien de tel dans le projet de Nicolas Sarkozy tel qu’il semble se dessiner. D’une part, on se focalise sur les recettes, puisqu’on avance d’ores et déjà que la mesure pourrait rapporter près de 60 milliards d’euros par an. D’autre part et surtout, cette « taxe Tobin »-là laisse complètement de côté le marché monétaire, pourtant l’un des plus juteux de la planète. En fait, elle s’assimile bien davantage à l’impôt de la bourse. Celui-ci concernait les transactions d’actions au-delà d’un certain seuil. Il a été supprimé… en 2008, par Nicolas Sarkozy.

Crédit photo : epsos / Flickr

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