Valérie Trierweiler, première femme fatale de France

En terrassant Ségolène Royal, Valérie Trierweiler a rappelé qu’elle était le seule et unique propriétaire du président de la République. Un joli retour à la zoologie primitive des relations humaines.

L’affaire Trierweiler vient répondre à une problématique de premier plan : à qui appartient le phallus de François Hollande ? Dire cela n’est pas de la provocation ou de la moquerie, puisque cette question est, plus ou moins consciemment, la première que l’on se pose en considérant un homme, à plus forte raison s’il a des responsabilités. En un tweet, la présidente Trierweiler a tranché.

Il y a cette maxime de Nietzsche : la puissance abêtit. Quand on a du pouvoir, on en abuse, au point de commettre des fautes. L’occasion était trop belle, Valérie a succombé. Dans ce tweet, elle l’a affirmé : la femelle dominante de la République, c’est elle. Hollande et ses attributs, c’est elle. La première femme de France, c’est elle – et non pas dame, puisque la dame c’est celle qui, devant les caméras, se plie à la puissance supposée de son homme. Valérie a agi en femme, et a rappelé que personne ne hait une femme davantage qu’une autre femme.

Qui peut rivaliser avec l’exploit de Valérie ? Elle a transformé le falot François, premier secrétaire banal, en président de la République normal. Royal, trop fragile, trop névrosée, est complètement à la traine sur ce plan là. Anne Sinclair, de son côté, n’a pas réussi à canaliser la vigueur de son mari. Carla, somme toute, est restée très timide, très « maman ». Valérie, elle, n’hésite pas à prendre le pouvoir, et elle le dit, ce qui met en rage à peu près tout le monde, conférant à son geste une sorte de beauté sauvage. Cela faisait longtemps que quelqu’un de haut placé ne s’était pas, à ce point, foutu de la gueule du monde. Chirac avait appelé à voter Hollande, mais il n’avait plus aucun pouvoir.

En tout cas, il semble que les moments les plus émouvants de la vie politique française soient ceux qui apportent une réponse à cette problématique de l’appartenance des phallus puissants, l’affaire DSK étant le grand moment par excellence. Cela n’est pas étonnant, puisque l’on sait que le social s’épanouit au mieux lorsque les femmes sont transformées en mères bienveillantes et les hommes en petits garçons. Dès que l’on sort de ce schéma, émotion dans les rangs. Une brebis veut s’échapper ! Une mère ne doit pas être, officiellement, une vraie femme active sur le front de la guerre des sexes. De la même manière, un homme ne doit pas sortir du rôle de petit garçon, et c’est bien pour cela que Hollande n’excite personne, c’est-à-dire est très convenable : il n’existe pas sexuellement parlant.

Il faudrait tout de même avoir une pensée pour Ségolène Royal. Même si on ne la supporte guère, je ne vois pas en quoi elle mérite ce massacre depuis 2007. Qui n’a pas dit du mal de Ségolène depuis lors ? Quasiment personne. Dans le zoo humain, on écrase toujours les faibles.

Crédit photo : Patrick Peccatte / Flickr
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