Le dernier film de Scorsese, Le Loup de Wall Street, illustre à merveille la théorie selon laquelle le libéralisme est avant tout une carte blanche donnée à la libido humaine. Objectif : la destruction de la race.
En voyant Le Loup de Wall Street, j’ai plusieurs fois pensé à un excellent livre de Dany-Robert Dufour intitulé La Cité perverse. J’ai en effet retrouvé dans ce film presque tous les points évoqués par Dufour pour définir la nouvelle religion du Marché. Qu’est-ce que le libéralisme ? Avant tout, un système qui repose sur la conviction qu’il faut laisser s’exprimer la libido humaine sous toutes ses formes (désir sexuel, désir de connaissance, etc.) pour atteindre l’épanouissement maximal.
Le libéralisme s’inscrit donc en totale contradiction avec l’édifice philosophique occidental, qui faisait consensus sur l’idée qu’il faut maîtriser ses passions. En langage théologique, le libéralisme opère tout simplement une réhabilitation du péché. Rester toute sa vie dans le principe de plaisir, et ne jamais entrer dans le principe de réalité, qui implique nécessairement un sacrifice d’une partie de sa capacité à jouir. La morale d’antan était là pour, en échange de ce sacrifice, nous faciliter la vie et nous proposant des cadres permettant de maîtriser nos pulsions. Ce qui permettait par ailleurs de conserver, tant bien que mal, l’équilibre social. Nous pourrions, en résumant, dire que ce système était le système conservateur, basé sur la fonction paternelle stabilisante, celui qui se basait sur l’expérience de nos aînés. Nous étions amenés à plutôt respecter les hommes et les choses. Les personnages du Loup de Wall Street, eux, méprisent les hommes et même les choses.
Le libéralisme, système révolutionnaire par excellence
Le libéralisme est un système foncièrement révolutionnaire. C’est même LE système révolutionnaire par excellence, qui ne se satisfait d’aucune avancée et n’existe qu’au prix de repousser en permanence les limites : celles de la science, de l’expérience, de la morale, de la productivité, etc. C’est d’ailleurs pourquoi aucun système contestataire n’est consistant face au libéralisme : il est lui-même la révolution permanente. Et dès qu’un individu ose élever la voix contre lui, il est qualifié de réac’, ou de conservateur. Autrement dit, de névrosé, de mauvais jouisseur, de frustré. La mécanique est bien huilée, et chaque cerveau aux ordres de ce système libéral répète ce catéchisme, dicté par la Mère archaïque qui pousse à jouir (voir, à ce propos, toujours de Dany-Robert Dufour, L’individu qui vient). C’est pourquoi il faut bien s’attendre à la levée du tabou de l’inceste un jour ou l’autre. Et dès que l’inceste sera toléré, il se banalisera le jour-même, et on voudra aller plus loin, si c’est possible.
A la racine du libéralisme, il y a un profond nihilisme : celui de ne pas accepter la réalité telle qu’elle est. Le remède à cela, c’est aussi le poison : la jouissance à tous prix et dans tous les sens, en permanence. Un véritable esclavage dans lequel sont plongés les personnages du film de Scorsese. Pourquoi ? Parce qu’ils sont pervers. Le pervers est celui qui, précisément, n’identifie pas que ce qu’il croit être le « remède » est en réalité le poison. Il a, comme l’écrit Rimbaud dans « Matinée d’ivresse », « foi au poison ». Mais le prix à payer est cher : l’impossibilité de nouer un lien affectif crédible et durable, parce qu’on ne tolère plus qu’un seul mode de relation entre les êtres : celui de la séduction échevelée.
En quoi la séduction consiste-t-elle ? En grande partie, faire croire à l’autre que nous sommes auto-suffisant, parfait. Qu’on est le « bon plan » par excellence. Tant que l’illusion fonctionne, tant qu’on idéalise l’autre et qu’il nous renvoie une image idéalisée de nous-même, tout va bien : c’est le paradis sur Terre. Mais dès que cela ne fonctionne plus, on jette, on oublie, on tue. Il n’est pas difficile de voir que les traders montrés dans ce film étaient les avant-gardistes d’un mode de vie dans lequel nous sommes d’ores et déjà tous plongés, de gré ou de force.
La vie normale ? Elle donne envie « de se flinguer »
Le personnage interprété par Leonardo di Caprio dans Le Loup de Wall Street, le trader Jordan Belfort, est absolument moderne, c’est-à-dire absolument pervers. Dès qu’il n’est plus sous l’emprise de la drogue, lui vient l’envie de « se flinguer ». Et il n’envisage pas qu’une relation puisse être autre chose qu’une relation de séduction. Ainsi, lorsqu’il rencontre la tante de sa femme, il a l’impression qu’elle le séduit, alors qu’elle porte tout simplement sur lui un regard d’amour tendre, sans convoitise : un regard de névrosé, en fait, un regard humain. Il l’embrasse, et c’est elle qui doit stopper ses avances.
Ce pauvre type a complètement perdu la notion qu’il existe différents modes relationnels dans une vie humaine normalement équilibrée : famille, collègues, amis… Tout se mélange dans son esprit, et dans l’esprit des personnages gagnés par l’idéologie libérale. Ainsi, quand Belfort, lors de l’un de ses speechs à ses salariés, rappelle qu’il a donné 25 000 dollars à l’une de ses tradeuses débutantes pour la sortir de la mouise, elle lui dit qu’elle l’aime. Elle aussi, plongée dans la folie libérale, se met à tout confondre. Elle en vient à aimer d’amour quelqu’un qui lui a donné de l’argent. Ces gens, drogués au narcissisme, deviennent incapables d’amitié, d’amour, de complicité, d’affection, de tendresse, etc., autant de choses qui constituent pourtant la consolation de l’existence. On comprend pourquoi, dans ces conditions, ils trouvent que la vie normale est un enfer.
Le monde, pour ces individus complètement perdus, qui passent leur vie à renier toute affectivité, se limite à identifier qui séduira le plus l’autre, nous pourrions même dire : à qui baisera le plus l’autre, puisqu’il y a toujours une part importante de manipulation, voire de perversion, dans la séduction (les individus les plus dangereux sont souvent de grands séducteurs ; les pervers narcissiques, par exemple, ont la réputation d’être des bêtes de sexe : c’est parce qu’ils font tout pour se rendre indispensables aux yeux de leurs victimes, pour mieux mettre en place une relation fondée sur le chantage). Ainsi, toutes les relations qu’entretient le héros avec son entourage sont de l’ordre du rapport de force. La séduction, et rien que la séduction, mène droit à une vie empreinte de sado-masochisme. C’est un cas classique que de voir des individus portés par un courant d’amour surpuissant finir par se faire du mal. C’est parce qu’ils n’auront jamais payé ce tribut à la réalité, qui exige de l’homme qu’il sacrifie une bonne partie de son contentement de soi pour construire quelque chose de durable. Autrement dit, qu’il soit névrosé.
Sus aux névrosés ! Vive les pervers !
Mais dans le monde libéral, il est interdit d’être névrosé. Le névrosé devient un dangereux immoraliste, ce qui est un comble : il ralentit la course aux plaisirs faciles, c’est-à-dire en dernière analyse la course à l’argent. Il est la mauvaise conscience de ce temps. Seule la perversion est tolérée. Quand Belfort arrive à Wall Street, son gourou lui conseille de se masturber plusieurs fois par jour, alors que lui ne le fait que quatre ou cinq fois par semaine (ce qui est déjà un score honorable).
Dans le monde libéral, le corps devient une machine à produire qui doit séduire et se séduire en faisant état de sa productivité. Dans une scène du film, on voit l’un des traders se mettre à nettoyer, au milieu d’une journée de travail, son aquarium. Habitude typique d’un névrosé tranquille. Il a ses petites obsessions un peu insensées, un peu ridicules, mais qui lui évitent d’angoisser : il est structuré. Eh bien, sans surprise, ce trader se fait licencier dans la minute. Comme dans tout système totalitaire, le libéralisme ne supporte pas qu’un être ne soit pas intégralement esclavagisé en vue du grand but global, en l’occurrence du grand but pervers global, qui est celui de tromper le maximum de gens pour se faire un maximum de blé, baiser le plus de nanas et consommer le plus de drogues. Ce portrait de notre époque n’est pas exagéré du tout : au fond, presque chacun d’entre nous travaille pour donner vie à cette idéologie, plus ou moins consciemment, cette idéologie qui met au premier rang le chiqué, le paraître, la superficialité. Autant de valeurs qu’un Nietzsche a portées au pinacle : nous voyons aujourd’hui le réjouissant résultat. Le philosophe allemand et ses nombreux suiveurs ont été, en grande partie, complètement largués.
Dans Le Loup de Wall Street, nous voyons également à quoi vont se limiter les relations conjugales dans un monde guidé uniquement par la performance, c’est-à-dire un monde d’un cynisme incroyable. Pour une femme, un homme est un placement, et pour l’homme une femme est une poupée gonflable. La femme se soucie d’autant plus de son corps qu’elle va le vendre, dans la mesure où la prostitution n’est plus une pratique marginale dans l’univers libéral, mais centrale (ce qui explique, entre parenthèses, que la vraie prostitution, la marginale, celle qui est malheureusement incontournable dans une société de névrosés, soit en passe de devenir « immorale » de nos jours). Ainsi, il ne faut plus parler de drague. Même le mot « séduction » est finalement périmé. Les personnages de ce film passent leur temps à s’allumer. Tout comme, aujourd’hui, la publicité cherche à nous allumer et à faire du maximum de femmes des allumeuses sans cervelle.
Dans Le Loup de Wall Street, la nana, une fois sa proie mâle repérée, sort le grand jeu en se présentant nue devant lui. Tout le monde connaît la naïveté légendaire des mâles sur le plan de la sexualité : c’est le moyen le plus sûr pour en disposer. Quand la fille se présente nue devant lui, le pervers-naïf se dit : génial, je suis un dieu, j’ai droit à cette femme sublime. Ce qu’il ne voit pas, le mâle pervers, c’est qu’il n’y a là qu’une manipulation de la femelle pour capter de l’argent et du sperme, puisque la relation sexuelle en tant que telle n’intéresse en moyenne qu’une femme sur cinquante (dans le monde libéral, il n’y a aucun plaisir partiel, tout s’équivaut, toutes les libidos sont interconnectées : sperme = argent = homme = travail = plaisir, etc.). Le libéral est devenu, ainsi, incroyablement manipulable, naïf, et le film montre très bien comment tous ces hommes ivres de pouvoir sont tenus par les couilles par les femmes qui les entourent en s’acquittant de la seule tache qui les désennuie un peu en ce bas monde : faire des enfants, puis s’en occuper. L’homme libéral est ainsi fait que le moment où il se sent le plus puissant est précisément celui où il est le plus dépendant, insignifiant.
Papa t’es où ?
Pourquoi le moderne est-il si manipulable, et pourquoi la femme libérale n’a plus aucun respect pour son homme ? Certainement parce que l’autorité du père a disparu. Il ne reste donc plus que la guerre des sexes, dans toute sa banale violence. On s’utilise, et on se dégage, petits caprices. Dans le monde de Wall Street, il n’y a plus aucune place laissée au père, qui est celui qui rappelait à ses enfants qu’ils étaient des êtres respectables qui devaient s’en tenir à un code de conduite transmis par leurs aînés. La mère phallique tient aujourd’hui les rênes, par défaut, pendant que les mecs, gosses gâtés, « jouissent en tas » (expression de Philippe Muray reprise par Dufour).
Voyez les relations qui unissent Belfort et son père : elles sont presque amicales, ce ne sont pas les relations qui doivent lier un père et un fils. Quand aux institutions patriarcales, comme le FBI et l’État américain, elle n’impressionnent absolument pas ces traders, tout comme le premier passant dans la rue vous dira qu’il ne fait plus confiance, aujourd’hui, à la République ou aux forces de police (et il n’a pas tellement tort, puisque les représentants de ces institutions sont parmi les premiers à profiter du libéralisme et de son offre de plaisir facile).
Dans le monde du Loup de Wall street, qui encore une fois est le nôtre, celui pour lequel, 24 heures par jour, pour la plupart d’entre nous, nous travaillons et consommons, il faut montrer qu’on est en permanence en situation de niquer son voisin, de tirer son épingle du jeu, de ne penser qu’à sa gueule. Il faut se vendre, vendre son métier, son portefeuille, son cul, comme les traders vendent leurs actions, alors qu’il n’y a rien de concret derrière. Le livre de Dufour, La Cité perverse, l’explique bien : le système libéral vous harcèle du matin au soir de messages séducteurs, ou plutôt de messages allumeurs, de manière à vous contraindre à devenir pervers, à croire au poison. On harcèle le névrosé pour qu’il franchisse la limite, qu’il consomme, et qu’il devienne si manipulable que ne se développera aucune capacité critique ni dans son esprit, ni dans celui de ses proches, ni dans celui de ses enfants. Et, surtout, il faut que cette abdication de l’esprit critique, il la concède sans avoir honte de sa lâcheté. N’est-ce pas le leitmotiv de notre époque : je suis une infâme merde, mais j’assume !
Pourtant, même Ulysse, au cours de son Odyssée, a demandé à ses compagnons de le ligoter au mât de son navire pour échapper au chant des sirènes – c’est vous dire leur pouvoir de séduction… Ulysse faisait preuve de sagesse, il savait sacrifier une partie de sa jouissance parce qu’il savait que l’homme passionné, celui qui répond à l’appel des sirènes, est un homme en état de possession, un homme à qui il n’est plus loisible d’être lui-même. Ulysse sait se fixer des limites parce qu’il connaît et reconnaît pertinemment les siennes. Il n’est pas étonnant que le Spectacle nous serve si souvent la fable de l’amour-passion, de l’amour romantique : nous ne sommes jamais plus manipulables que lorsque nous sommes naïvement, totalement amoureux. Toute l’histoire de l’Odyssée, finalement, c’est Ulysse échappant à la volonté de jouissance de plusieurs femmes-ventouses, qui sont là pour que l’homme n’ait pas le loisir d’exister tranquillement en tant qu’homme, et en tant que père, entouré de femmes (filles, mères, épouse) qui portent un nom : le sien. La « Cité perverse », menée d’une main de fer par le désir féminin archaïque, sans bornes, veut faire de nous des hystériques incapables de revoir leurs prétentions d’auto-divinisation à la baisse.
Enculez-vous les uns les autres
Là où la morale apprenait à fixer des limites, le libéral n’arrête pas de les dynamiter, pour le plus grand bonheur des névrosés qui en ressentent un frisson de puissance. Le contenu des discours de Belfort à ses salariés pourrait se résumer à : n’ayez plus honte d’enculer les autres, soyez-en fiers. La honte, c’est pour les faibles (autre maxime nietzschéenne, dont on voit à quoi elle nous mène si on la suit au pied de la lettre).
Que devient donc notre corps, dans ce monde ? Une machine. Voilà ce sur quoi a débouché la fameuse « libération du corps » : la réduction du corps à une machine dépourvue d’âme. Machine à jouir, baiser, se droguer, etc. Je renvoie le lecteur à un autre livre de Dany-Robert Dufour, Le Divin Marché, qui contient une critique jouissive des théories « paranoïaques » des Bourdieu, Foucault, Deleuze, autant de penseurs pseudo-rebelles qui, eux aussi et sans s’en apercevoir, se sont fait proprement entuber (pour rester poli) par le libéralisme. Si les corps sont des machines, ils doivent donc fournir des performances. Et c’est bien ce à quoi mène le libéralisme à tous crins : l’objectif de vie de chacun devient celui de donner l’impression aux autres qu’il jouit plus qu’eux, qu’il performe mieux. Nous sommes au beau milieu des rivalités mimétiques identifiées par René Girard.
Du fantasme du surhomme à la réalité du dernier des hommes
Cette course effrénée vers la jouissance n’a, au fond, qu’un seul objectif : supprimer la vie humaine sur Terre, dans la mesure où, sous sa forme la plus banale, la plus normale, la plus humaine, cette vie est trop difficile à assumer pour ces faiblards de libéraux, dépourvus de pères et de repères. Avec le libéralisme, c’est toute l’humanité qui refuse, tout simplement, de continuer à vivre en se contraignant à apprécier des plaisirs simples, à hauteur d’une vie d’homme. Nous avons abandonné les récits religieux, en particulier le plus puissant de tous, le judéo-christianisme. Pourquoi le plus puissant ? Car c’est celui dont les enseignements sont les mieux à même de contrer le libéralisme ; le judéo-christianisme, en tant que système culturel et intellectuel, n’est en aucune manière dépassé par l’idéologie libérale : au contraire, le libéralisme donne un coup de jeune inespéré à l’idée que le déchaînement du péché mène à l’apocalypse : c’est ce programme, annoncé dans la Bible, qu’est en train de suivre pas à pas, mot à mot, le capitalisme financier !
La « mort de Dieu » aurait pu être une occasion pour certains d’entre nous de devenir des surhommes nietzschéens. Manque de pot, comme Nietzsche l’avait aussi envisagé, nous penchons beaucoup plus nettement vers le dernier des hommes. Et cela nous donne le surhomme Jordan Belfort, complètement camé, rampant vers sa lamborghini. Autrement dit, celui qui se croit le plus fort finit concrètement aussi minable que le dernier des hommes : prenez cela comme un théorème. Scorsese, lui-même chrétien, est en position privilégiée pour montrer l’insondable pauvreté spirituelle du système libéral qui ne fonctionne qu’au fantasme, alors que sa réalité, c’est l’apologie de la barbarie. Les fantasmes, qu’ils soient à l’échelle individuelle ou collective, mènent, en dernier analyse, s’ils sont trop pris au sérieux, à la volonté de supprimer l’autre avant de se supprimer soi-même, vieille histoire…
Que faire ? Ce que l’on peut encore faire, aujourd’hui, c’est essayer de mettre les gens en face de leurs responsabilités, si c’est encore possible, s’il reste assez de surmoi dans les consciences. C’est, me semble-t-il, ce qu’essaie de faire Scorsese. En montrant tout simplement où mène, et à quoi correspond, en réalité, le libéralisme et la quête du « bonheur », il nous ramène tout simplement sur Terre, à notre condition humaine inaliénable qui fait que c’est lorsqu’on croit décrocher le gros lot qu’on est dans le plus vil état. On le sent tellement consterné par la situation, désabusé, qu’il se refuse à tout commentaire ou à toute morale finale. Tout juste se permet-il de filmer, à certains moments, l’humanité normale, celle qui prend le métro et va assister à des conférences pour s’instruire. Le libéral qui s’assume, à côté, ressemble à un fou. Chesterton nous avait déjà rappelé que le fou, c’est précisément celui qui croit absolument en lui. En lui, c’est-à-dire : en sa folie, car, bien sûr, les hommes sont naturellement fous. C’est peut-être cette vérité fondamentale que le libéral, dans sa naïveté et son ignorance grotesque, a oublié.
Au moins, après avoir vu Le Loup de Wall Street, chacun aura loisir de continuer à foutre ou non sa vie en l’air, et la planète avec, en son âme et conscience. Quoi qu’il en soit, gare à la gueule de bois, si toutefois l’avenir daigne nous offrir un lendemain de fête, c’est-à-dire une seconde chance.
Votre analyse est, en pratique, tout à fait exacte.
Mais il faut y apporter une nuance importante: la quête désespérée de jouissance qui est à la base du syndrôme libéral-libertaire est, en soi, un aveu d’impuissance.
Le pervers narcissique, que vous décrivez si bien à partir de ce film, est incapable de plaisir réel.
Car le plaisir a ses propres règles, et rend toute recherche de compensations, de quel type qu’elles soient, complètement inutile et, à vrai dire, ennuyeuse.
Le plaisir se suffit à lui-même: c’est ce qu’ignorent les libéraux.
Le prevers, par définition, est lancé dans une quête désespérée de ce qu’il ne pourra jamais connaître…
Alors que le plaisr engendre gratitude, reconnaissance, ET fidelité, la frustration permanente du pervers l’entraine à détruire l’objet de sa frustration…
Une grande part du pouvoir dont use le libéralisme est basé sur la tromperie systématique concernant le plaisir…
Merci pour votre commentaire.
Vous avez raison, et c’est peut-être une idée qui n’apparaît pas assez dans le film de Scorsese (et dans mon article).
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