François Hollande est élu Président de la République. Il a du pain sur la planche.
Monsieur Hollande, vous voilà élu.
Sur ce site -aux dimensions, à la vocation et aux ambitions modestes- nous n’avons pas précisément été des soutiens sans faille. Même l’auteur de cet article, dont le cœur bat franchement à gauche, ne vous pas épargné. Il a critiqué votre campagne, votre programme, et même un peu votre personne.
Pourtant, nous ne rechignons pas à vous appeler désormais « Monsieur le Président ». Parce que la France a besoin de tourner la page de cinq années de zig-zags sarkozystes. Parce qu’elle a certainement besoin de cette présidence « normale » dont vous avez parlée. Parce qu’elle doit retrouver, autant que faire se peut, confiance dans ses élites et que vous pouvez, pour cela, être l’homme de la situation.
Pas le droit de se dérober
« Moi Président de la République… » avez-vous matraqué durant le débat de l’entre-deux-tours de l’élection. Vous voilà comblé, installé dans le fauteuil élyséen. Avec un grand nombre de collectivités territoriales de votre bord politique. Avec une Assemblée qui vous sera bientôt acquise. Avec un Sénat qui, fait rarissime sous la Cinquième République, est dominé par les socialistes. Monsieur le Président, vous avez les moyens de votre politique. Vous avez la possibilité d’appliquer ce « changement » tant promis. Alors, par pitié, agissez et agissez vite, car les chantiers qui vous attendent sont colossaux.
Il y a cette « fracture sociale » dont Jacques Chirac avait fait son leitmotiv en 1995. Depuis, les inégalités n’ont pas cessé de se creuser. Jamais les écarts de revenus n’ont été si grands. Pire : jamais la contribution à l’effort commun n’a été aussi contestée. Pour s’en convaincre, il n’est besoin que de constater le tollé provoqué par votre proposition de taxer à 75% les revenus qui dépassent le million d’euros. Or une société dont les citoyens sont si déconnectés les uns des autres ne peut se concevoir dans la cohérence…
Il y a ce déficit de santé, qui touche de nombreuses zones de campagne désertées par les médecins généralistes et les spécialistes. Et il y a ces massifs dépassements d’honoraires qui éloignent les Français des services de santé. Selon une étude de l’IRDES, en 2008, 15,4% de la population adulte dit avoir renoncé à des soins pour raison économique…
Il y a ces problèmes des quartiers, minés par l’économie souterraine, et parfois gangrenés par le communautarisme. Les décloisonner et les revitaliser n’a jamais été aussi vital ni aussi urgent. Les bons exemples existent. Ainsi, Vaulx-en-Velin a su prendre son destin en main après avoir été en proie aux émeutes. Il faut y mettre la volonté et les moyens.
Education, chômage, dépendance…
Il y ces problèmes d’éducation, les classes surchargées notamment dans les plus petites sections. Il y a évidemment le problème du chômage, sur lequel tant de dirigeants se sont brisés. Il y a le problème de nos retraités, souvent « nouveaux pauvres ». Il y a le problème de la dépendance de nos aînés, toujours pas réglé malgré les promesses de celui qui est depuis quelques heures l’ex Président de la République. Il y a le problème du vivre-ensemble : la puissance du vote FN a montré qu’il était clairement remis en cause.
Enfin, au-delà de nous-mêmes, il y a bien évidemment le problème de l’Europe, de sa place dans le monde et de la politique qu’elle doit défendre. Il y a la transition écologique.
Cela fait beaucoup de travail en perspective… Beaucoup pour un homme et un mandat. Beaucoup trop sans doute. Mais vous avez promis le changement. Ce changement, il faut au moins en dessiner les prémices. Alors au travail, Monsieur le Président.
Crédit photo : François Hollande / Flickr
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