Bouillon de lecture à la Pivot

Retour d’actu s’amuse avec les 100 expressions à sauver de Bernard Pivot, et vous en propose 10 dont il faut retrouver la signification…

Il y a quelques temps, Bernard Pivot publiait 100 expressions à sauver : un délicieux petit recueil de dictons populaires, dont on usa jadis en littérature et que l’on peut encore lire ou entendre au détour d’un article ou d’une conversation. Bien sûr, il y a les grands classiques. Les « Se monter le bourrichon », « Se fagoter comme l’as de pique » ou « Payer rubis sur l’ongle ». Et puis, il y a les autres. Un peu moins éternelles, voire franchement oubliées.

Retour d’actu a sélectionné dix de ces expressions. Plus ou moins populaires, plus ou moins utilisées… Saurez-vous retrouver leur signification ? Elles sont tout d’abord proposées « brut ». Puis avec des réponses à choix multiples. Les solutions, comme d’habitude, sont à la fin. Bonne chance aux joueuses et aux joueurs !

Pour les plus courageux : que signifie…

… Avoir de la branche

… Faire buisson creux

… Avoir une face de Carême

… Proposer la botte

… Faire une conduite de Grenoble

… Peigner la girafe

… Un coup de Trafalgar

… Être dans les vignes du Seigneur

… Sentir le fagot

… Boire le bouillon d’onze heures

Pour celles et ceux qui veulent un coup de pouce : que choisiriez-vous ?

« Avoir de la branche » signifie…

– Avoir la main verte

– Avoir de l’allure

– Être de la même famille que quelqu’un

« Faire buisson creux » signifie…

– Ne pas trouver ce que l’on cherche

– Être mauvais chasseur

– Se perdre dans un bois

« Avoir une face de Carême » signifie…

– Avoir un visage jovial

– Être déguisé

– Avoir un visage blême

« Proposer la botte » signifie…

– Défier en duel à l’épée

– Proposer une relation sexuelle

– Passer son tour dans un jeu

« Faire une conduite de Grenoble » signifie…

– Mettre brutalement quelqu’un à la porte

– Faire preuve de galanterie

– Paresser

« Peigner la girafe » signifie…

– Être à l’agonie

– S’ennuyer ferme

– Ne rien faire

« Un coup de Trafalgar » signifie…

– Un retournement de situation inattendu

– Un événement imprévu et catastrophique

– Une traîtrise / un coup dans le dos

« Être dans les vignes du Seigneur » signifie…

– Mourir sans souffrance

– Autrefois, être pris en charge par l’Église lorsqu’on se retrouvait orphelin

– Être saoul

« Sentir le fagot » signifie…

– Avoir une conduite potentiellement dangereuse / inspirer la méfiance

– Sentir très mauvais

– Être de corvée à l’armée

« Boire le bouillon d’onze heures » signifie

– Être soigné quand on est très affaibli

– Boire du poison

– Mourir brutalement

Et les réponses sont…

Avoir de la branche

C’est avoir de la classe, de l’allure, de la distinction. Selon Pivot, l’expression viendrait du langage de la noblesse où les « branches » désignaient les grandes familles. Pas grand chose à voir avec le déjà-très-dépassé « être branché ». On demanda un jour à Mitterrand s’il était « ché-bran ». Le Président de l’époque avait en tout cas de la branche.

Faire buisson creux

« On frappe les buissons avec un bâton pour en faire sortir le gibier » précise Pivot. Et quand le gibier ne s’y trouve pas, alors qu’on était sûr du contraire, on fait donc buisson creux… ou chou blanc. On ne trouve pas ce que l’on cherche. Rien à voir avec le fait de se perdre dans la forêt.

Avoir une face de Carême

Pendant le Carême, on ne mange guère. On n’a donc pas spécialement le visage jovial, au contraire, on « tire la gueule », on est blafard. L’expression n’est plus guère utilisée : sans doute faut-il la moderniser en remplaçant « Carême » par « Ramadan ». Les religions, au fond, se ressemblent plus qu’on ne croit.

Proposer la botte

Certes, une « botte » est un adroit coup d’épée. Mais pour le coup, et c’est le cas de le dire, proposer la botte signifie bien proposer une relation sexuelle. Pivot cite Renaud là-dessus, et sa chanson « l’auto-stoppeuse » : « Quand j’lui ai proposé la botte sans trop y croire, elle m’a dit laisse tomber mon pote t’es qu’un ringard… »

Faire une conduite de Grenoble

Pas évidente celle-là… Les Grenoblois n’apprécieront sans doute pas, mais l’expression signifie bien mettre quelqu’un à la porte avec fracas. La plus belle conduite de Grenoble au cinéma restera sans doute celle des « barbouzes » de Georges Lautner (Lino Ventura, Francis Blanche, Bernard Blier), qui passent par la fenêtre l’infect acheteur américain.

Peigner la girafe

… signifie ne rien faire du tout. Pourtant, peigner une girafe doit probablement nécessiter des efforts considérables. Pour illustration moderne, cette scène du film Jumeaux où Arnold Schwarzenegger propose à Dany de Vito une série d’activités intellectuelles. A quoi son frère répond qu’ils pourront aussi « peigner la girafe » ensemble.

Un coup de Trafalgar

Dramatique 21 octobre 1805 ! A la bataille de Trafalgar, la flotte franco-espagnole perd les deux tiers de ses effectifs face aux vaisseaux britanniques de l’amiral Nelson. Depuis lors, un coup de Trafalgar est évidemment synonyme de catastrophe… On n’a malheureusement jamais rééquilibré les choses en parlant aussi de « coup d’Austerlitz » pour une victoire écrasante. A savoir : la traîtrise, le coup dans le dos, ce n’est pas « un coup de Trafalgar » mais « un coup de Jarnac », d’après un autre combat célèbre.

Être dans les vignes du Seigneur

Une bien jolie expression pour dire qu’on est rond, saoul, ivre, plein, beurré, complètement fait… Mais les voies du Seigneur étant impénétrables, il se peut qu’il nous pardonne nos péchés, et peut-être même nos verres de trop. Pour l’illustration, voire la chanson « Le vieux Léon » de Georges Brassens : « Et le p’tit bleu, est-ce que ça le rend pas meilleur d’être servi au sein des vignes du Seigneur ? »

Sentir le fagot

Ça peut aussi sentir le roussi. Bref, ça va mal ! Initialement, sentir le fagot signifiait littéralement être bon pour le bûcher, c’est dire… Dire de quelqu’un qu’il sent le fagot revient donc à lui trouver une conduite imprudente. Quand ça sent le brûlé, c’est que les carottes sont cuites.

Boire le bouillon d’onze heures

Cette entrée, selon Pivot, faisait partie du sabbat des sorcières… d’où évidemment quelques méfiances médiévales et l’expression qui en découle. « Boire le bouillon d’onze heures », c’est avaler un liquide empoisonné. Le Français aime d’ailleurs mettre le sordide en cuisine, puisque la vengeance est également un plat qui se mange froid.

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Chronique littéraire… à retrouver régulièrement sur Retour d’actu

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