L’écrivain « prospectiviste » Antoine Buéno publie un livre qui s’attaque… aux Schtroumpfs. Il va jusqu’à les comparer à une société stalinienne et nazie. Mieux vaut en rire.
Enfin quelqu’un qui ose penser vrai ! Qui sait briser les tabous de la bienpensance ! Qui mène de véritables combats d’avant-gardiste ! Dans son Petit livre bleu, paru tout récemment, l’écrivain prospectiviste Antoine Buéno a le courage de s’en prendre à l’un des mythes fondateurs de notre enfance : les Schtroumpfs.
On les croyait inoffensifs ? Charmant petits lutins bleus pour les bambins ? Erreur ! Antoine Buéno démontre qu’il s’agit au contraire d’êtres viscéralement malfaisants. De véritables manipulateurs des esprits de nos progénitures. Car en réalité, la société des Schtroumpfs est « un archétype d’utopie totalitaire empreint de stalinisme et de nazisme ». Sous prétexte de dénoncer quelques travers humains -rappelez-vous, le cupide Schtroumpf financier, le voyeur Schtroumpf reporter …- Peyo nous montre en réalité un microcosme autarcique ou tous les individus sont identiques, et ne se distinguent que par la fonction qu’ils occupent.
Le chat de Gargamel a un nom juif. C’est louche…
La seule présence féminine est incarnée par la Schtroumpfette, le prototype même de l’aryenne blonde. D’ailleurs, le chat du méchant Gargamel porte un nom juif. De surcroît, les bonshommes bleus sont menés par un seul leader : le Grand Schtroumpf… lui même vêtu de rouge ! Peyo n’a pas osé la faucille et le marteau sur son bonnet, mais il n’empêche, tout cela est décidément bien louche… Et dire que l’on donne à nos enfants de si dangereuses lectures. Pas étonnant qu’on en fasse des délinquants précoces !
Tout juste pourrait-on reprocher à Antoine Buéno de ne pas aller assez loin dans sa critique… Car, pour qui se souvient de ses classiques, les Schtroumpfs apparaissent pour la première fois dans la série Johan et Pirlouit. Or celle-ci livre également un régal de détails nauséabonds à souhait. Le grand Johan, incarnation de la chevalerie française, est coiffé comme une femme. Du reste, on ne le voit jamais avec un femme, c’est bien curieux… Et que dire de son comparse. Sous ses airs de bouffon espiègle, il est de loin le personnage le plus troublant. Petitesse de sa taille oblige, il ne monte pas un cheval, mais une chèvre. Un psychanalyste nous en apprendrait sans doute beaucoup sur les sous-entendus malsains que cela cache…
Goscinny : le recroquevillement national
Et si encore Peyo était seul dans son cas. Mais prenons Goscinny par exemple. Pas besoin de chercher très loin pour constater que ses œuvres sont de véritables brûlots incendiaires, placées entre de mauvaises mains. Ainsi, Iznogoud, et sa manie de vouloir être Calife à la place du Calife épisode après épisode… Comment ne pas y voir un appel à la révolution contre l’autorité, à une remise en cause de l’ordre social et moral ? C’est finalement une société du coup d’état permanent que l’on nous montre là…
Pire encore : Lucky Luke. Outre le fait que présenter un homme qui « tire plus vite que son ombre » est un affront à la science, la mise en valeur du cowboy solitaire qui règle ses comptes seul est une défense du modèle américain texan et puritain, une légitimation de la milice privée.
Et encore ne parle-t-on pas d’Astérix, le petit gaulois, représentation caricaturale du Français moyen, qui dénigre l’ensemble des cultures du monde au travers de ses albums. Non content de mettre à mal et de tourner en ridicule notre magnifique héritage latin, Goscinny se permet, avec son petit moustachu, de pratiquer un racisme ouvert à l’égard de nos voisins européens. Pensez donc ! Le fier Hispanique caricaturé à outrance ! Le cousin d’outre-manche Jolitorax qui annonce sans ciller « Secouons-nous les mains » ! L’accent belge tourné en dérision, et qui plus est sur un texte de Victor Hugo ! Cela invite à un protectionnisme réducteur et décrit un recroquevillement national à l’heure communautaire. D’ailleurs, à la suite du référendum perdu de 2005, n’a-t-on pas dit qu’Astérix avait gagné ? Vraiment, c’est trop…
On atteint des sommets avec L’Agent 212, de Daniel Kox et Raoul Cauvin, qui singe le travail quotidien des représentants de l’ordre. Étonnant que l’on ait laissé passer sans sourciller ces prétendues « œuvres », et qu’on ait même osé les hisser au rang d’incontournables de notre enfance…
Heureusement que certains veillent. Il convient d’ailleurs de rappeler qu’Antoine Buéno a été la plume de François Bayrou durant la campagne présidentielle de 2007. Avec un tel penseur dans les rangs du centre, c’est certain, les autres partis ont du souci à se faire.
Crédit photo : Gianfranco Goria / Flickr
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